Pour beaucoup, ces théories relevaient du fantasme conspirationniste. Et, il faut bien admettre que c’est très souvent le cas. Cependant, les révélations de Scott Morrison, ancien Premier ministre australien, vont donner du grain à moudre à tous ceux qui défendent cette idée.
Dans le cas de l’Australie, il s’agit plus d’un gouvernement fantoche que d’un gouvernement de l’ombre. Dans les faits, Scott Morrison s’était octroyé en secret cinq postes de ministres en plus du sien. Ces révélations ont été faites par son successeur, Anthony Albanese le 16 août. Le 17, Morrison n’a pas nié et a tenté de se justifier très maladroitement.
Des explications confuses devant le Parlement
Les élus australiens n’ont pas cessé de questionner Morrison sur ce qu’ils qualifient d’abus de pouvoir. On apprend donc que, si le public n’en savait rien, ses collègues ministres non plus. Les pouvoirs supplémentaires qu’il s’est octroyés l’ont été dans la plus grande opacité. «Nous avons dû prendre des mesures extraordinaires pour mettre en place des garde-fous», s’est-il justifié, expliquant que c’était dans l’optique où il aurait dû assurer la continuité du gouvernement au cas où un ministre serait indisponible.
Il a déclaré, toujours devant le Parlement, «qu’il avait utilisé ces pouvoirs une seule fois, pour outrepasser son ministre des ressources et bloquer un projet controversé d’exploitation de gaz en mer». Toutefois, il a indiqué que cette décision était sans lien avec le Covid-19 et qu’il était «très content de cette décision». Scott Morrison, issu de la droite conservatrice, a précisé qu’il n’avait tiré «aucun avantage personnel» de s’être nommé à ces différents postes ministériels. Il s’agissait entre autres des postes de la santé, des finances et des ressources.
Une forme de gouvernement fantôme
Ici, nous sommes donc dans le cas où le chef du gouvernement, légitimement élu, s’octroie tout ou partie des pouvoirs. Albanese, l’actuel Premier ministre, a accusé mardi son prédécesseur d’un «saccage sans précédent» de la démocratie en se nommant lui-même en secret à plusieurs portefeuilles ministériels. «C’est une sorte d’activité de pacotille que nous tournerions en ridicule si elle se déroulait dans un pays non démocratique, a-t-il ajouté. Scott Morrison dirigeait un gouvernement fantôme.» Le mot est lâché…
C’est le même Scott Morrison qui avait dénoncé les contrats des sous-marins français de manière totalement inattendue. Il est plus facile de comprendre une telle décision s’il était seul aux manettes. C’est pourquoi ce scandale a jeté la lumière sur la nature opaque de la prise de décision dans le gouvernement australien et a suscité des questions sur le besoin de garde-fous démocratiques plus forts. En Australie, contrairement à la France où les ministres sont nommés par le chef de l’exécutif, le Premier ministre choisit les membres de son gouvernement parmi les élus qui sont ensuite assermentés par le gouverneur général lors d’une cérémonie officielle généralement publique et enregistrée.