À l’annonce de son état préoccupant, une pluie d’éloges du monde entier est arrivée venant des plus grands dirigeants du monde ainsi que de l’ensemble du peuple britannique. Beaucoup se sont réunis depuis hier devant les portes du Palais royal à Londres.
La princesse Élisabeth n’a commencé son apprentissage de reine qu’à l’âge de dix ans lorsque son père est monté sur le trône après l’abdication de son frère aîné Édouard VIII, le duc de Windsor, en 1936. Durant la seconde Guerre mondiale, elle fait ses premières apparitions publiques et rejoint le corps féminin de l’armée du Royaume-Uni.
Elle est la reine de Grande-Bretagne et d’Irlande du nord depuis 1952. Elle est aussi le chef d’État en titre de quinze autres pays issus de l’ancien Empire britannique, le Commonwealth, comme le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Au cours de son long règne, la reine Élisabeth II a vu défiler au palais de Buckingham de nombreux premiers ministres, dont Winston Churchill , Margaret Thatcher, Tony Blair ou, quelques jours plus tôt, Liz Truss. Contrainte par la tradition à une stricte neutralité politique, elle a essentiellement un rôle de représentation et parcourt le monde lors de voyages officiels. Héritière d’une longue tradition, elle a dû s’adapter, de plus ou moins bon gré, aux contingences de la modernité pour maintenir l’adhésion de son peuple à la monarchie britannique.
Un règne d’une longévité exceptionnel
Elle accède au trône le 6 février 1952 à la mort du roi George VI. Le Royaume-Uni n’avait pas connu d’autre reine depuis Victoria qui régna de 1837 à 1901 soit durant 64 ans. Le jour où elle est proclamée chef du Commonwealth, ensemble de pays liés à la Couronne auquel appartient le quart de la population mondiale, elle déclare: «Que Dieu m’aide à remplir dignement cette lourde tâche qui m’échoit si tôt dans la vie». Elle a vingt-six ans. Le couronnement solennel a lieu l’année suivante, le 2 juin 1953. Au-delà de la cérémonie, c’est sa retransmission en direct à la télévision qui est un événement mondial.
Alors qu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, la monarchie est honnie des classes laborieuses, Élisabeth II réussit le prodige de la rendre populaire dans un pays où le souverain a un rôle symbolique d’autant plus important qu’il est privé de tout pouvoir réel. Il est important de rappeler que lorsque Londres a été bombardée par les nazis, elle est restée au front avec l’armée pour porter secours aux soldats blessés. Depuis lors, elle a été, sans le vouloir, une excellente communicante. Ses actions durant la Seconde guerre mondiale, comme sa proximité avec Winston Churchill, l’ont rendu immédiatement populaire. «Nous vous aimons, Madame. Vous faites du bon boulot. Nous sommes fiers de la famille royale», titrera le quotidien de tendance travailliste The Daily Mirror, en guise de cadeau pour son soixantième anniversaire.
Une reine d’une grande popularité
La grâce avec laquelle elle tient consciencieusement son rôle est unanimement appréciée par le peuple britannique. Sa personnalité dépourvue de tout trait saillant permet au public de s’identifier à elle. Et le succès continue, car, dans le spectacle permanent qu’offre au monde la saga des Windsor, jusqu’au mariage de ses petits-enfants William et Harry, la distribution des seconds rôles ne cesse de se renouveler grâce à l’arrivée, par mariage ou par naissance, de nouveaux acteurs. La vie privée de la famille royale est, de loin, le sujet favori de la presse populaire britannique. Elle assure aussi de confortables rentes à de nombreux journaux d’autres pays, dont la France.
Toutefois, un événement marquera son règne au-delà de la politique : le décès de la princesse Diana. En 1997, Elisabeth II ne perçoit pas immédiatement l’immense émotion causée dans la population par la mort de Diana, devenue alors de fait son ancienne belle-fille. Alors que la reine séjourne dans sa résidence de Balmoral en Écosse, où elle a passé ses derniers instants, tenant ses petits enfants les princes William et Harry à l’abri de la tempête médiatique, l’opinion britannique ne comprend pas son apparente indifférence. La souveraine doit regagner Londres et s’adresser à son peuple dans une allocution télévisée la veille des funérailles de Diana. Par la suite, les mariages du prince William avec Kate Middleton, puis celui du prince Harry avec Meghan Markle, feront souffler un vent salvateur de fraîcheur et de modernité sur la couronne. Enfin, le prince Charles se remarie avec Camilla Shand, titrée pour l’occasion duchesse de Cornouailles.
Elle aura été reine jusqu’au bout, elle qui n’était pas destinée à l’être. Elle qui considérait le couronnement comme un sacrement ne pouvait concevoir d’abdiquer de son vivant. Elle aura régné plus de 70 ans, encore plus que la reine Victoria. C’est désormais à son fils, le prince Charles, qui assumait déjà la plupart des fonctions publiques de la reine, que revient le trône.
Paix à son âme