Lori Glaze, directrice des sciences planétaires à la Nasa, déclarera: « Nous sommes embarqués dans une nouvelle ère, où nous avons potentiellement la capacité de nous protéger d’un impact d’astéroïdes dangereux ».
Aucun danger pour la Terre
Cette technique permet à la Nasa de s’entraîner au cas où un astéroïde menace un jour de frapper la Terre. «Je pense que les Terriens peuvent désormais dormir sur leurs deux oreilles, ce sera mon cas», a lancé Elena Adams, une ingénieure de la mission. En effet, Dimorphos fait environ 160 mètres de diamètre et ne représente aucun danger pour notre planète. Il est en réalité le satellite d’un plus gros astéroïde, Didymos, dont il faisait jusqu’ici le tour en 11 heures et 55 minutes. La Nasa cherche à réduire l’orbite de Dimorphos de 10 minutes, c’est-à-dire à le rapprocher de Didymos. Si le but reste ainsi modeste comparé aux scénarios catastrophes de films holywoodiens, cette mission de «défense planétaire», nommée Dart (fléchette, en anglais), est la première à tester une telle technique.
Le but de la mission est de permettre de mieux comprendre la composition de Dimorphos, représentatif d’une population d’astéroïdes assez communs et donc de mesurer l’effet exact que cette technique – appelée à impact cinétique – peut avoir sur eux. La sonde européenne Hera, qui doit décoller en 2024, ira en outre observer de près Dimorphos en 2026 pour évaluer les conséquences de l’impact et calculer, pour la première fois, la masse de l’astéroïde. Le vaisseau avait voyagé durant dix mois depuis son décollage, en Californie. Pour atteindre une cible aussi petite que Dimorphos, la dernière phase de vol était entièrement automatisée, comme pour un missile auto-guidé.
Des dizaines de milliers d’astéroïdes autour de la planète
Comme nous le savons, il y a 66 millions d’années, les dinosaures ont disparu après la collision d’un astéroïde grand d’environ 10 kilomètres avec la Terre. Près de 30.000 astéroïdes de toutes tailles ont été catalogués dans les environs de la Terre (on les appelle des géocroiseurs, c’est-à-dire que leur orbite croise celle de notre planète). Aujourd’hui, aucun de ces astéroïdes connus ne menace notre planète pour les 100 prochaines années. Sauf qu’ils ne sont pas encore tous recensés.
Les astéroïdes d’une taille inférieure à 140 mètres de diamètre restent difficile à détecter. Ceux d’un kilomètre et plus ont quasiment tous été répertoriés selon les scientifiques. Mais, ils estiment n’avoir connaissance que de 40% des astéroïdes mesurant 140 mètres et plus, ceux capables de dévaster une région entière. «Notre tâche la plus importante est de trouver» ceux manquants, a déclaré Lindley Johnson, agent de défense planétaire à la Nasa. Plus ils sont détectés tôt, plus les experts auront le temps de mettre en place un moyen de s’en défendre. Selon M. Johnson, la mission Dart est un premier pas crucial en ce sens: «C’est une période très enthousiasmante pour l’histoire spatiale et même l’histoire de l’humanité.»