C’est l’une des pires catastrophes que le football ait connu dans son histoire. Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser les partisans de l’équipe perdante, celle du Arema FC, qui avait envahi le terrain après le coup de sifflet final, a déclaré à la presse le chef de la police de la région, Nico Afinta.
La sécurité du stade dépassée par l’ampleur du phénomène
«C’était devenu anarchique. Ils ont commencé à attaquer les policiers, ils ont endommagé des voitures», a déclaré Nico Afinta, ajoutant que le chaos s’est produit lorsque les fans se sont enfuis vers une porte de sortie. L’instance dirigeante du football mondial, la FIFA, précise dans son règlement de sécurité qu’aucune arme à feu ou «gaz de contrôle des foules» ne doit être transporté ou utilisé par les stewards ou la police. La police de Java Est n’a pas répondu à une demande de commentaires pour savoir si elle était au courant de la réglementation contre l’utilisation de gaz dans les stades.
«Beaucoup de nos amis ont perdu la vie à cause de policiers qui nous ont déshumanisés», a déclaré Muhammad Rian Dwicahyono, 22 ans, en pleurant alors qu’on lui soignait un bras cassé à l’hôpital local de Kanjuruhan. «Beaucoup de vies ont été gâchées». La catastrophe qui a eu lieu samedi soir semble être la pire au monde depuis des décennies. Wiyanto Wijoyo, le chef de l’agence de santé de Malang, a estimé le nombre final de morts à 125 et le nombre de blessés à 323. Des séquences vidéo des chaînes d’information locales ont montré des fans sur le terrain après la défaite 3-2 d’Arema FC contre Persebaya Surabaya vers 22 heures (heure locale), suivies d’échauffourées ainsi que de ce qui semblait être des nuages de gaz lacrymogène et des fans inconscients évacués de la salle.
La police mise en cause
Le directeur de l’hôpital, Bobi Prabowo a déclaré à Metro TV que certaines victimes avaient subi des lésions cérébrales et qu’on comptait un enfant de 5 ans parmi les victimes. Le président Joko Widodo a précisé que les autorités devaient évaluer de manière approfondie la sécurité lors des matches, ajoutant qu’il espérait que ce serait «la dernière tragédie du football dans le pays». En effet, en Indonésie, les violences en marge des matchs de football est courante. Joko Widodo a ordonné à la Fédération indonésienne de football de suspendre tous les matchs de la première ligue jusqu’à ce qu’une enquête soit terminée.
La commission indonésienne des droits de l’homme prévoit également d’enquêter sur la sécurité à l’intérieur du stade y compris sur l’utilisation de gaz lacrymogènes, a déclaré son commissaire à l’agence Reuters. Dimanche, des personnes en deuil se sont rassemblées devant les portes du stade pour déposer des fleurs pour les victimes. Des centaines de personnes ont également assisté à une veillée aux chandelles dans la capitale Jakarta dimanche soir, portant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: «Le football indonésien en deuil» et «Arrêtez la brutalité policière». Amnesty International Indonésie a critiqué les mesures de sécurité, affirmant que «l’usage excessif de la force par l’État […] pour contenir ou contrôler de telles foules ne peut pas du tout être justifié». Le ministre en chef de la Sécurité du pays, Mahfud MD, a déclaré, dans un message sur Instagram, que le stade avait été rempli au-delà de sa capacité. Il a déclaré que quelque 42 000 billets ont été émis pour un stade conçu pour accueillir 38 000 personnes.
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