Éric Dupond-Moretti renvoyé en procès pour soupçon de corruption

C’est une première pour un ministre de la Justice en fonction. Eric Dupond-Moretti, soupçonné de conflits d’intérêts dans deux dossiers différents, a été renvoyé en justice par la Cour de justice de la République (CJR), lundi 3 octobre. 

Poursuivi dans deux affaires

Un procès contre le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, accusé de prise illégale d’intérêts, a été ordonné par la Cour de justice de la République (CJR), lundi 3 octobre. Le garde des Sceaux aurait profité de sa fonction, après avoir été placé à tête du ministère de la Justice, pour régler des comptes avec des magistrats, à qui il s’était opposé quand il était avocat. Dupond-Moretti conteste les faits.

D’après les plaintes de syndicats de magistrats et de l’association anticorruption Anticor, deux situations de conflit d’intérêts ont eu lieu depuis son arrivée à la Chancellerie. Une information judiciaire a été ouverte en janvier 2021. La première est celle d’une enquête administrative qu’il a exigée en septembre 2020, contre trois magistrats du Parquet national financier. Ces derniers avaient fait éplucher ses factures téléphoniques détaillées pour trouver une éventuelle taupe qui aurait informé Nicolas Sarkozy, qu’il était sur écoutes dans l’affaire de corruption dite « Paul Bismuth ».

La seconde affaire concerne des poursuites administratives qu’il aurait conduit contre un ancien juge d’instruction de Monaco, Édouard Levrault, qui avait mis en examen un de ses ex-clients. Eric Dupond-Moretti avait critiqué ses méthodes de « cow-boy ». Durant l’instruction, l’accusé a martelé qu’il avait suivi « les recommandations de son administration ». Mais le ministère public n’a pas été convaincu par cet argument et avait réclamé un procès, au mois de mai dernier. 

Des relations difficiles 

« Comme malheureusement, nous nous y attendions, c’est un arrêt de renvoi qui a été rendu par la commission de l’instruction. Nous avons immédiatement formé un pourvoi en cassation contre cet arrêt. Cet arrêt n’existe plus », annoncent Christophe Ingrain et Rémi Lorrain, ses avocats, à la sortie de la Cour de Justice de la République, à Paris. 

Les relations du ministre avec la magistrature ont toujours été difficiles. Mardi dernier, il affirmait avoir « la quasi-assurance » d’être renvoyé devant la justice. « J’ai toujours dit que je tenais ma légitimité du président de la République et de la Première ministre et d’eux seulement », dit-il. On ne sait pas pour le moment s’il sera maintenu au gouvernement. Ses avocats indiquent qu’il compte se pourvoir en cassation.