Si l’action est honorable, elle est dénuée de tout sens historico-politique. La guerre d’Algérie a débuté en 1945 avec les attentats de Sétif et s’est officiellement achevée avec les accords d’Évian en 1962 même si des massacres de français ont eu lieu après cette date. Depuis, la France n’a eu de cesse de tendre la main aux dirigeants algériens du FLN, à différencier du peuple algérien, sans aucun résultat voire plutôt une constance dans la diatribe anti-française qui n’a jamais cessé.
Un déplacement d’envergure
La Première ministre sera accompagnée de près de la moitié de son gouvernement. Élisabeth Borne et 16 de ses ministres ont entamé depuis dimanche une visite de deux jours en Algérie. Il s’agit du premier déplacement à l’étranger de la Première ministre française, qui débutera son voyage par des gestes mémoriels. Il est regrettable de ne jamais voir les dirigeants algériens venir en France pour en faire de même. Comme le président Emmanuel Macron lors de sa visite fin août qui, après des mois de tensions, a permis de réchauffer les relations entre les deux pays.
Toutefois, cela serait trop vite oublier que la visite de Macron était destinée aussi à négocier le gaz algérien, ce qui a été un échec, et était aussi motivée par sa crainte de voir Alger intégrer les BRICS. Pourtant comme le chef de l’État, Borne déposera une gerbe au Monument des Martyrs, haut lieu de la mémoire algérienne de la guerre d’indépendance (1954-1962) face à la France, ainsi qu’au cimetière Saint-Eugène à Alger, où reposent nombre de Français nés en Algérie.
L’espoir d’une coopération économique
Alger est en position de fore et elle le sait. La cheffe du gouvernement présidera aussi dimanche, avec son homologue algérien Aïmene Benabderrahmane, la réunion du 5e Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), dont la dernière édition remonte à 2017, où il sera surtout question de «coopération économique». Une visite à Alger avec quelques ministres avait été envisagée en avril 2021 mais reportée à la dernière minute, dans un contexte de relations tendues avec l’Algérie.
Borne devrait lors de ce voyage rencontrer le président algérien Abdelmadjid Tebboune, avec qui Emmanuel Macron avait conclu le 27 août un «partenariat renouvelé» autour de six axes qui restent à concrétiser. Mais, sur la question essentielle des visas, les tensions restent vives: «les discussions n’ont pas encore abouti», disait jeudi dernier Matignon. En effet, les présidents des deux pays avaient fin août ouvert la voie à un assouplissement du régime de visas accordés à l’Algérie, en échange d’une coopération accrue d’Alger dans la lutte contre l’immigration illégale. Selon les chiffres officiels de l’ambassade d’Algérie en France, c’est près de 6 million d’algériens qui vivaient en France en 2012. L’ambassadeur d’Algérie Missoum Sbih s’était félicité, sur Radio Orient, à l’occasion de l’anniversaire des 50 ans de l’indépendance, que 3 millions d’algériens vivaient sur le territoire national ainsi que 3 millions de binationaux.