Alimentation: une pénurie de riz est-elle possible?

Les pays producteurs touchés de plein fouet par le changement climatique

Ainsi, l’Inde et le Pakistan, les deux principaux pays producteurs de riz basmati, ont connu une période de forte chaleur mi-mai qui a directement impacté les rendements. Il fait ajouter à cela des épisodes de pluies diluviennes en juin et en septembre derniers qui ont recouvert 10% de la surface des pays. «Au moins 250.000 tonnes de riz ont été perdues», souligne le Syndicat de la Rizerie Française. Arthur Portier, consultant Agritel, précise que l’Inde devrait produire 124 millions de tonnes cette année, contre 130 l’année dernière, dont 109 sont consommés localement.

Le Pakistan n’est pas en reste non plus. Lui devrait produire 4,7 millions de tonnes cette année, contre 5 millions l’an passé. Arthur Portier indique qu’il s’agisse de l’Inde ou du Pakistan, «les pays exportateurs privilégieront leur marché local, au détriment des stocks d’exportations». Du côté de l’Union européenne, qui importe 2,5 millions de tonnes chaque année, les pays producteurs de riz ont manqué d’eau, principalement en Italie, en Espagne et en Grèce. D’ici la fin de l’année, certains rendements pourraient ainsi diminuer jusqu’à 40%, comme pour l’arborio, cultivé en Italie.

Enfin, comme les pays de l’Opep+ avec le pétrole, les pays producteurs veulent profiter de la guerre en Ukraine pour augmenter leurs tarifs. C’est le cas de l’Inde qui a instauré une taxe de 20% sur l’exportation de riz. Ce pays représente à lui seul 40% des échanges mondiaux de grains blancs avec plus de 21 millions de tonnes exportées sur un an, entre 2021 et 2022. Plus étonnant, l’Union européenne a également porté les droits de douane à l’importation des riz cargo de 30 à 65 euros la tonne depuis le 1^er septembre. Selon le Syndicat de la Rizerie Française, tous ces facteurs vont conduire à une hausse des prix pour le début de l’année 2023.