Hassan Iquioussen attaque Darmanin pour diffamation

C’est donc une réponse du berger à la bergère qui attend désormais le locataire de Beauvau. En effet, les avocats de l’imam marocain Iquioussen, réclamé par la justice française pour s’être soustrait à un arrêté d’expulsion, ont saisi la justice pour diffamation publique à l’encontre de leur client par Gérald Darmanin, a-t-on appris vendredi 21 octobre de source judiciaire.

Des propos diffamatoires

Les conseils de Hassan Iquioussen, âgé de 58 ans, ont utilisé une procédure de citation directe pour saisir le tribunal. Dans cette citation directe, citée par Le nouvel Observateur, les avocats reprochent au ministre de l’Intérieur des propos qu’ils jugent diffamatoires à l’égard de M. Iquioussen. Ils contestent notamment des déclarations de Gérald Darmanin sur BFMTV le 2 septembre dernier, dans lesquelles il présentait l’imam comme «un délinquant, un fuyard et un séparatiste» ou affirmait que «Hassan Iquioussen, qui a des choses à se reprocher, s’est soustrait à la décision de justice».

Fait important, l’imam radical a déjà remporté vendredi une première victoire devant un tribunal de Belgique, où il s’est exilé. Après avoir auditionné à huis clos Hassan Iquioussen, qui conteste son extradition, la chambre du conseil du tribunal de Tournai (ouest de la Belgique) «a refusé la remise à la France», a annoncé à l’AFP son avocat belge. Le parquet de Tournai a annoncé avoir interjeté appel.

Belgique: Terre d’accueil

Cette affaire continue de tourner en ridicule le ministre de l’Intérieur. Arrêté le 30 septembre en Belgique francophone, Iquioussen est sous le coup d’un arrêté d’expulsion. Fin juillet, Darmanin avait annoncé l’expulsion de ce prédicateur du Nord, fiché S (pour sûreté de l’État) par les services de renseignement «depuis dix-huit mois», selon lui alors qu’il est connu des services de renseignements depuis 1994. Mais l’imam était introuvable au moment où cet arrêté, qu’il avait contesté devant la justice, avait été définitivement validé par le Conseil d’État le 31 août.

Selon son avocate, Me Lucie Simon, son client a «respecté purement et simplement la loi française en quittant l’Hexagone pour la Wallonie». L’avocate avait contesté la validité du mandat d’arrêt émis par un juge de Valenciennes (nord), estimant qu’il se fonde «sur une infraction pas constituée». Toutefois, depuis la tragédie du meurtre de la petite Lola, la pression est très différente sur les épaules de Darmanin concernant l’expulsion des personnes sous OQTF.