Une envie permanente de fracturer la société
Il y a certainement derrière ce vote, un débat dans le débat. Si un élu peut, en effet, mettre en avant la proposition qu’il souhaite devant les parlementaires, n’y a-t-il pas une limite intellectuelle concernant le moment de la présenter? Ici, il s’agit d’un sujet récurrent depuis une vingtaine d’années: interdire ou non la corrida en France. Dans un contexte national et international où le pays a besoin d’unité et de solidarité, voire d’apaisement tout simplement, pourquoi lancer un thème qui, on le sait d’avance, va créer un autre terrain d’opposition entre les français?
Voici une nouvelle fracture française qui s’est jouée, samedi 19 novembre, dans la rue avant son arrivée, prévue jeudi 24 novembre, devant les parlementaires de l’Assemblée nationale. Elle a opposé les partisans de la corrida à ses détracteurs autour de la proposition de loi portée par Aymeric Caron, élu de Paris et membre de Révolution écologique pour le vivant (REV), parti affilié à LFI, qui propose de l’interdire. Si le sujet est sérieux, le dernier grand combat de Caron a été de militer pour qu’on ne tue plus les moustiques.
Des divisions prévisibles et certainement intentionnelles
Évidemment, on va opposer le Nord au Sud, Paris aux Régions, les pro et les anti, etc. Le sénateur socialiste Éric Kerrouche devant les Peñas, les associations taurines, de Dax dira «Il n’y a pas de façon de vivre à Paris qui doit s’imposer partout. La France est une mosaïque de cultures qui doivent être respectées». Lionel Pinsole, président du Cercle taurin tyrossais, insiste sur le fait que «personne n’oblige à aller voir une corrida. Après elle, ils vont vouloir s’attaquer à la chasse, à la pêche, au foie gras». Jean-Louis Darrieutort, maire de Saint-Perdon, dans les Landes, a rappelé que «la corrida, c’est un vrai lien social, intergénérationnel dans les villages, et une filière économique qu’il faut protéger».
D’un autre côté, Alexandre Godard, président du collectif pour la protection animale de Lyon a expliqué que «l’animal ressent de la douleur et vit un moment terrible. Ce n’est pas moral». Il dénonce ainsi le fait que 63 villes françaises du Sud-Ouest sont pourtant toujours autorisées, par un régime d’exception à la loi générale qui punit les actes de tortures contre les animaux. Toutefois, la proposition a tout de même peu de chance d’être adoptée. Le gouvernement compte s’opposer à son interdiction. Dominique Faure , le secrétaire d’État chargé de la ruralité,, qui représentera l’exécutif sur les bancs de l’Assemblée a déjà appelé à «ne pas opposer émotion et attachement au terroir».
Avec un mec comme Caron, on n’apas fini !