Déterminer la ligne du parti
Si le parti n’est pas totalement mort, il joue clairement sa survie d’ici aux prochaines élections nationales. C’est pourquoi le prochain président des Républicains aura la lourde tâche d’incarner une ligne politique derrière laquelle tous se réuniront. Son groupe à l’Assemblée nationale n’est désormais composé que de 62 députés quand le Rassemblement national en compte 89. Bien entendu, il faudra qu’il espère ne pas voir déserter tous ces élus vers la macronie toujours en quête de détruire définitivement les partis historiques.
Ciotti et Retailleau ont un point commun: durant la campagne, les candidats n’ont cessé de durcir le ton, soucieux de marquer leur différence avec la macronie, même si les députés LR apportent ponctuellement à la majorité les voix nécessaires pour faire voter des textes. La ligne Ciotti est, en cela, trop marquée à droite: les thématiques d’immigration et de sécurité aussi bien que dans le domaine économique (suppression pure et simple des droits de donation et de succession, diminution de la progressivité de l’impôt sur le revenu), ouvrirait l’éventualité d’une nouvelle cassure à droite.
Rester indépendant entre Renaissance et le RN
Toute la difficulté est bien là: comment exister entre Macron qui regarde de plus en plus à droite et le RN qui s’est définitivement installé comme un parti légitime dans le paysage politique français? Pour Hervé Morin, il faut résister à la tentation d’une droite dure: «Si on veut la disparition de la droite, continuons à courir derrière l’extrême droite!», s’est inquiété le centriste, fidèle allié des Républicains. Beaucoup d’élus de centre droit se disent que si l’incarnation de la droite est une personnalité LR incapable de s’adresser à la France qui raisonne, ils n’ont plus rien à faire ici. Pour ma part, je n’en serai pas (…).»
Mais, à peu de chose près, Bruno Retailleau incarne peu ou proue la même ligne que Ciotti. La différence est le ton et la sémantique. Les proximités sont différentes aussi. Il est proche de Gérard Larcher, le président du Sénat, et cela pourrait contrebalancer son tropisme conservateur clivant. Durant la campagne interne, il avait néanmoins clairement cherché à concurrencer Éric Ciotti sur la droite, n’hésitant pas à critiquer la notion de «cordon sanitaire» avec l’extrême droite. Ainsi, quel que soit le vainqueur, le prochain président va durcir le ton et tenter de retrouver les électeurs dispersés entre Macron et surtout Marine Le Pen.
Avec Ciotti, LR signera son acte de décès. Nous avions un jeune qui incarnait la droite sociale, celle qui a toujours fait les plus beaux scores. Nous nous retrouvons avec deux croutons qui ne combattent que pour leur survie en politique et rester bénéficiaires des subsides de l’Etat. Le discours tenu n’est qu’une course aux électeurs en leur faveur. Avec cette attitude, LR est condamné malgré les sourires affichés. Aurélien Pradier était le seul à apporter un vent nouveau sur un parti en déliquescence. Malgré un choix difficile, je souhaite que les voix d’Aurélien viendront s’additionner à celle de Bruno. Mais je crois que ce n’est qu’un voeu pieu …