Après des semaines de discussions complètement stériles, le projet de loi arrive au Sénat où il sera examiné mardi 28 février en commission avant de faire son entrée devant l’hémicycle à partir du 2 mars. Le gouvernement le sait, les échanges seront plus calmes qu’à l’Assemblée et des discussions pourront s’ouvrir. Olivier Dussopt, le ministre du Travail, s’est dit «ouvert» notamment aux propositions des LR sur des amendements sur la situation des femmes.
Un allié d’une importance cruciale
Ces inclinations au dialogue ne sont pas sans arrière-pensées. En effet, il s’agit pour l’exécutif de faire passer le texte sans utiliser le 49.3 ou le 47.1. Ainsi, parmi ce que voudrait ajouter le chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau, on trouve la proposition d’«une surcote de 5% pour les mères de famille qui auraient atteint à la fois une carrière complète et l’âge légal, soit un départ anticipé à 63 ans», alors que, de l’aveu même du ministre, la réforme en l’état pénalise davantage les femmes que les hommes. En effet, les inégalités de salaire et les ruptures de carrière qu’elles subissent se répercutent sur le montant de leurs pensions et l’âge de leur départ à la retraite. Le sénateur de Vendée prévoit que «le recul de l’âge de départ à 64 ans annule les trimestres de majoration que ces mères ont acquis au titre de leur maternité. C’est une injustice que nous allons réparer».
La réponse du gouvernement ne s’est pas faite attendre: «Nous sommes d’accord et ouverts», a répondu Olivier Dussopt admettant qu’«avoir des âges de départ différenciés entre les femmes et les hommes, ce n’est pas très juste». Même le chef de l’État avait expliqué, au Salon de l’Agriculture dimanche dernier, souhaiter un «enrichissement» du texte par la Haute Assemblée. Il a ajouté: «Je souhaite que [le Sénat] puisse faire avancer les choses avec ce qui lui paraît utile. J’ai vu [les idées de la Haute Assemblée] sur la politique familiale et les droits des femmes. Je pense que le gouvernement abordera [ce débat] avec de l’ouverture et de la volonté d’engager pour bâtir une majorité derrière ce texte». Macron a aussi fait remarquer que le Sénat avait, dans le passé, «plusieurs fois porté des réformes qui étaient assez proches de celle d’aujourd’hui».
La problématique de l’équilibre financier
Côté économie, c’est Hervé Marseille, sénateur UDI, qui veut aussi avoir son mot à dire. «Pour l’instant, on a vu beaucoup de dépenses mais identifié peu de recettes». C’est pourquoi il propose une hausse de trois points de la CSG sur les revenus du patrimoine. La solution pourrait rapporter 2,34 milliards d’euros mais la proposition a peu de chances d’aboutir tant les augmentations d’impôts sont impopulaires.