C’est le cas de Sana, qui a passé neuf ans en Syrie au côté de Daech, sous le coup d’une expulsion du territoire vers l’Algérie. Si ces avocats défendent qu’elle a été victime de l’emprise de son entourage, d’autres éléments peuvent laisser penser que c’est une potentielle terroriste qui pourrait passer à l’action. Les débats ont eu lieu mercredi 13 septembre au tribunal de Lille afin de déterminer si Sana pouvait rester en France ou devait être expulsée vers Alger.
La plus grande famille de djihadistes
En effet, Sana n’est pas son véritable prénom. Elle voudrait rester anonyme. Toutefois, elle appartient à la plus grande famille de djihadistes du Nord, et peut-être de France, avec 23 membres partis en Syrie dès 2014 pour rejoindre les rangs de Daech. En 2014, sa mère, terroriste convaincue, l’emmène avec elle en Syrie avec ses frères et sœurs. Trois ans plus tard, elle a 18 ans, elle a deux enfants issus d’une union avec un djihadiste belge. Elle sera rapatriée en France en 2023. Elle sera confrontée à tous les services antiterroristes français et ne sera inculpée d’aucune charge. La conclusion est qu’elle n’est pas une menace.
Toutefois, même si elle est née sur le sol français, sa mère a toujours refusé qu’elle ait la nationalité française. Par conséquent, au yeux de la loi, Sana est une étrangère en situation irrégulière. Elle a reçu un avis d’expulsion vers l’Algérie. En effet, sa régularisation semble impossible au motif que la préfecture la considère comme «une menace grave à l’ordre public». Car, contrairement au portrait fait par ses avocats qui la dépeignent comme une victime de sa mère et des groupes terroristes, le préfet François Leclerc brosse le portrait d’une femme toujours sous l’emprise de djihadistes : Elle s’est remariée virtuellement à un djihadiste allemand» et «elle a un rapport ambigu à la violence». Il l’accuse de «taqîya», l’art de la manipulation.
La défense s’indigne, les magistrats s’interrogent
Pour les avocats de Sana, Marie Dosé et Nicolas Vanden Bossche, «la Préfecture vous raconte une fiction sans fournir aucune pièce». Me Dosé estiment que les arguments du préfet sont «totalement faux et sortent de nulle part». Sana, quant à elle, n’est pas à l’audience. Pression trop forte pour ses avocats ou peur de répondre aux questions des magistrats pour d’autres? Elle dira: «Je viens d’une famille tyrannique que je n’ai pas choisie (…) On m’a fait subir la violence, le viol et l’humiliation. Je ne suis ni un danger ni une menace. Mon plus grand rêve est d’aller à Disneyland avec mes filles». Le tribunal de Lille se prononcera le 27 septembre sur l’expulsion de la jeune femme.
« Si la France a procédé officiellement au dernier rapatriement cet été, les services de l’État enquêtent sur certaines femmes qui pourraient représenter une menace pour la sécurité nationale ».
Tout ce qui en découle est de la responsabilité de celui qui a décidé de rapatrier ces personnes avant enquête préalable. Incompétence ou je-m’en-foutisme ?