Ainsi, il contournerait l’idée d’une augmentation des taxes. Pour renforcer leur réquisitoire, citant les données de Santé Publique France, ils expliquent que ce dispositif permettrait de cibler les gros consommateurs. Alors que 30% des adultes consomment 90% de l’alcool vendu en France, ils rappellent que 8% d’entre eux représentent à eux seuls la moitié de la consommation.
Les vins à petits prix seront les plus touchés par cette mesure
Ce prix minimal unitaire s’inspire du «minimum unit pricing» mis en place par l’Écosse en 2018. Celui-ci a réussi à faire baisser la consommation de cidre de 18 % et celle de spiritueux de 4 %. Toutefois, quand l’Écosse a dû surmonter la colère des producteurs de whisky, les sénateurs, défenseurs de cette nouvelle tarification, savent qu’ils devront faire face au lobby du vin. Cette discussion arrive alors que les les viticulteurs manifestent depuis plusieurs semaines leur mécontentement contre la baisse des prix et la hausse des coûts de production.
Des régions seront plus touchées que d’autres, on pense notamment au Languedoc. Le sénateur socialiste de Paris, Bernard Jomier, explique que «seuls les grands industriels (…) des vins d’entrée de gamme verraient leurs bénéfices diminuer», pour qui «les vins de prestige et de qualité» ne seront pas touchés, contrairement aux «vins bas de gamme», notamment ceux vendus en cubis.
Les sénateurs savent que les débats vont être compliqués
Pour rappel, en septembre, les associations s’étaient réjouies de l’annulation par le ministère de la santé de deux campagnes de prévention contre l’alcoolisme. De plus, le nouveau ministre des comptes publics, Thomas Cazenave, élu de Bordeaux, venait de revenir sur une hausse des taxes sur l’alcool. Le sénateur Renaissance des Hauts-de-Seine, Xavier Iacovelli, sur Public Sénat, reconnaîtra que «nous sommes l’assemblée des territoires, donc c’est un peu compliqué ici, dès qu’on cible l’alcool». Et d’ajouter que «le prix minimal unitaire ne vise pas les viticulteurs français mais principalement les vins étrangers, qui arrivent en vrac». Si le texte est voté, il faudra compter une augmentation de 50 centimes pour 10g d’alcool pur. Il n’y aura donc plus aucune bouteille de vin en-dessous des 3,50€ ni aucun alcool fort sous la barre des 20€.