Immédiatement, Téhéran avait accusé les États-Unis et Israël d’avoir organisé cette attaque. Pourtant, le pouvoir iranien sait qu’aucun des deux pays n’emploient ces méthodes. Menaçant Israël «de graves représailles», le pouvoir iranien a dû revoir sa copie. En effet, le groupe djihadiste sunnite État islamique a revendiqué jeudi dernier cet attentat qui a eu lieu le 3 janvier.
Deux terroristes équipés de ceintures d’explosifs
Selon le dernier bilan officiel, l’attentat a fait 84 morts et 284 blessés. Le rassemblement avait lieu pour commémorer la mort du général Ghassem Soleimani, tué par les américains en 2020. Les autorités iraniennes avaient communiqué sur deux explosions distinctes survenues à proximité de la mosquée Saheb Al-Zaman, où se trouve sa tombe. Immédiatement, le régime des mollahs en avait conclu que «la responsabilité de ce crime incombe aux régimes américain et sioniste, et le terrorisme n’est qu’un outil». Cependant, sur le réseau Telegram, l’État islamique a revendiqué que deux de ses membres ont «activé leur ceinture explosive» au milieu «d’un grand rassemblement d’apostats, près de la tombe de leur leader Ghassem Soleimani hier à Kerman, dans le sud de l’Iran».
L’Iran a sous-estimé ses ennemis sunnites
En effet, l’attentat n’a donc rien à voir avec la guerre entre Israël et le Hamas, ni avec les américains. Après les accusations de Téhéran, les instances internationales étaient restées silencieuses sur les éventuels auteurs sachant qu’aucun des deux pays n’utilisent ce type de méthode. D’autant plus qu’aucune cible clef n’avait été visée par cet attentat hormis la foule qui défilait. De plus, comme le rappelle Mahnaz Shirali, sociologue et politologue spécialiste de l’Iran, «les attaques d’Israël sont beaucoup plus ciblées. Beaucoup de familles pauvres étaient venues là pour manger et boire, dans cette ville mal gérée de Kerman. Sans cela, il n’y aurait pas eu autant de monde».
Les Iraniens eux-mêmes doutaient très fortement que les américains ou les israéliens soient à la manœuvre dans cet attentat. Certains iront jusqu’à dire qu’il avait été commandité par le pouvoir en place pour justifier de nouvelles attaques contre l’État hébreux. Pour rappel, déjà en 2019, un bus des Gardiens de la révolution avait été pris pour cible par une voiture piégée. L’attentat avait entraîné la mort de 27 soldats ans le sud-est du pays. Cette action avait déjà été revendiqué par le groupe djihadiste Jaish Al-Adl.