Après la défaite de Fabien Roussel au 1er tour, le PCF est inaudible. Olivier Faure et Raphaël Glucksmann se sont soumis à sa volonté dès dimanche soir alors qu’ils pouvaient faire renaître le Parti socialiste. Marine Tondelier n’a pas d’autre option que de s’allier aux insoumis si elle veut que son parti continue d’exister après sa très lourde défaite aux européennes. Générations et le NPA ne sont là que pour gonfler les rangs. Pourtant, alors qu’il a un boulevard devant lui pour s’emparer de Matignon, le leader de La France insoumise semble aussi jouer un double-jeu qui conduirait le NFP à être privé d’une majorité absolue.
Il n’a jamais été aussi présent que durant cette campagne
Il est difficile de s’évertuer à parler d’un rassemblement républicain quand la parole publique est monopolisée par un Jean-Luc Mélenchon, plus violent et condescendant que jamais. Se retirant d’un probable poste de Premier ministre pour dire tout l’inverse le lendemain, stigmatisant ses alliés qui ne sont là que «grâce à (lui)», profitant de cette élection pour purger ses propres troupes et prenant la parole dans les médias quasiment tous les jours, le maître du cartel des gauches est omniprésent. Mais peu importe les voix des autres partis, surtout celles de socialistes, comme l’a dit Sophia Chikirou lundi à l’Assemblée: «Ce sera soit Mélenchon à Matignon, soit un autre Insoumis […]. L’accord, c’est que le Premier ministre soit issu de nos rangs».
Mélenchon aurait-il une autre idée derrière la tête?
Dimanche soir, 20h, et c’est le leader des insoumis qui prendra la parole en premier devant un parterre de journalistes. Ses alliés n’étaient pas au courant de cette prise de parole et, de toute évidence, tout a été scénarisé à l’avance. Deux personnes se tiennent à ses côtés: à sa droite, Manuel Bompard, dans une posture plutôt sobre, et à sa gauche, la plus clivante des insoumises, Rima Hassan, arborant un keffieh, qui n’était pas candidate et qui n’a pas participé à la campagne. Le discours est simple: faire barrage au RN. Dans la pratique, il ne faudra pas trop compter sur des désistements de candidats LFI même s’ils sont dans une triangulaire face à des membres du NFP.
S’il veut Matignon, Mélenchon veut encore plus l’Élysée. Bardella comme Premier ministre ou si Macron, privé une nouvelle de majorité absolue, nomme un gouvernement de techniciens, conduira à une présidentielle entre le leader insoumis et Marine Le Pen. D’ailleurs, il l’a dit dimanche soir à demi-mots, Place de la République à Paris: «C’est eux ou nous! Il n’y a rien au milieu». La simple idée de se retrouver au second tour de la présidentielle, lui qui a connu trois échecs successifs à cette élection, serait son véritable objectif. Et pour y parvenir, il est prêt à tout.