Le RN propose une loi pour revenir sur le report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, instauré par Emmanuel Macron en 2023. Le RN veut aussi diminuer la durée de cotisation requise pour une retraite à taux plein de 43 à 42 annuités (168 trimestres). Bien que cette proposition puisse être populaire, elle entraînerait une explosion des dépenses pour l’État.
Impact financier sur les retraites :
Le régime des retraites français est déjà en déficit, prévu pour s’aggraver avec une perte de 5,8 milliards d’euros en 2024 malgré la réforme. Selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), si l’âge légal de départ à la retraite n’est pas repoussé davantage, le déficit atteindra 0,4 % du PIB en 2030 et 0,8 % en 2070.
Économies attendues par la réforme actuelle :
La réforme à 64 ans vise à économiser 14 milliards d’euros d’ici 2030 grâce à des paiements de pensions réduits, et à augmenter les cotisations de 6 milliards d’euros, soit 20 milliards d’euros économisés au total. Le gouvernement Borne avait toutefois introduit des « mesures sucrées » pour atténuer la réforme, comme des exemptions pour les carrières longues et les parents aidants, coûtant près de 7 milliards d’euros en 2030.
Effets d’une annulation de la réforme :
Si l’on annule la réforme sans supprimer ces avantages, cela coûterait environ 27 milliards d’euros, auxquels s’ajouteraient des coûts supplémentaires liés à la réduction de la durée de cotisation.
Conséquences sur le taux d’emploi des seniors :
La France a un taux d’emploi des plus de 60 ans très bas (moins de 40 %) comparé à d’autres pays européens où il dépasse les 70 %, un facteur problématique avec l’arrivée à la retraite des générations du baby-boom et la pénurie d’emplois. La réforme augmenterait de 300 000 le nombre de seniors employés d’ici 2030, ce qui stimulerait le PIB (hausse de 0,7 % en 2027 et de 1,1 % en 2030), augmentant les recettes fiscales et rapportant 11 milliards d’euros en 2027 et 18 milliards en 2030.
Risques pour la crédibilité financière de la France :
Annuler la réforme pourrait envoyer un message d’irresponsabilité aux créanciers de la France, entraînant une augmentation des taux d’intérêt. Cela réduirait encore la marge de manœuvre financière du gouvernement et nécessiterait davantage de mesures d’économies. L’exemple de Liz Truss au Royaume-Uni montre les risques de perte de confiance des marchés face à des mesures budgétaires perçues comme non financées.
Position de Michel Barnier :
Bien que le gouvernement défende encore le report de l’âge de départ, Michel Barnier a évoqué des « corrections » possibles, laissant la porte ouverte à des ajustements de la réforme actuelle.