
Bruno Retailleau ©Wikimedia
Les relations franco-algériennes se sont de nouveau envenimées après l’annonce par Alger de l’expulsion de douze agents de l’ambassade de France à Alger. Pour riposter, Paris a décidé, le 15avril 2025, d’expulser à son tour douze agents consulaires algériens, rappelant son ambassadeur pour consultations à Paris. Cette mesure symétrique faisait suite à la mise en examen, en France, d’un agent consulaire algérien pour enlèvement présumé de l’opposant Amir Boukhors.
Emmanuel Macron et le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot se sont empressés de coordonner leur démarche avec Bruno Retailleau. Le locataire de Beauvau a qualifié de «totalement appropriée» la réplique française à l’«humiliation» algérienne lors d’un entretien accordé à CNews le 15 avril dernier. Jean-Noël Barrot, en visite à Alger le 6 avril, avait appelé de ses vœux une «relance des relations bilatérales» avant la dernière crise.
Une presse algérienne en campagne contre Retailleau
Dès le 17 avril, les gros tirages algériens ont dénoncé unanimement le ministre français de l’Intérieur. El Watan titrait: «Hostilité à l’égard des Algériens, discorde entre Alger et Paris, rupture… Retailleau, le ministre de la haine». Le quotidien El Moudjahid l’accuse de «barbouzeries» et de vouloir «refaire la guerre d’Algérie pour exécuter un agenda électoral». Selon le journal algérien, seul le chef de l’État et son ministre des Affaires étrangères seraient légitimes pour parler au nom de la France.
Pour L’Expression, proche du pouvoir algérien, Retailleau est le «principal artisan de cette crise algéro-française», animé par «une haine tenace et un anti-algérianisme maladif». Le journal décrit sa «frêle silhouette» comme un masque derrière lequel cache un «monstre froid dégoulinant de racisme». Ces attaques s’inscrivent dans une campagne coordonnée visant à désigner Retailleau comme le coupable de toute dégradation des liens entre les deux pays.
Fermeté et unité gouvernementale
Malgré la déferlante algérienne, le gouvernement français maintient sa ligne. Sur CNews, Bruno Retailleau a réaffirmé sa détermination à défendre la «sécurité» et l’«intérêt national», jugeant que ce «rapport de force» était nécessaire face à un «régime inflexible». Au sein de l’exécutif, aucun désaccord majeur n’est ressorti. En effet, Macron et Barrot soutiennent pleinement les mesures de rétorsion, estimant qu’elles sont «graduées» et proportionnées à l’offensive algérienne.
De plus, le «réarmement diplomatique» français se traduit aussi par la suspension d’accords bilatéraux, annoncée récemment par le ministre de l’Intérieur, notamment ceux de 2007 sur les exemptions de visa. Pour Paris, cette fermeté doit rappeler à Alger l’importance du respect des règles diplomatiques et protéger les ressortissants français. La campagne hostile de la presse algérienne contre Bruno Retailleau témoigne de l’acuité de la crise franco-algérienne et du poids symbolique qu’incarne le ministre de l’Intérieur dans ce conflit.