L’ancienne joueuse de tennis estime que les craintes de sa disparition sont « exagérées », mais elle le nie. Selon l’athlète qui a répondu aux confrères de L’équipe, c’est elle qui a supprimé le message accusant l’ancien haut dirigeant de son pays de viol.
La sportive sort du silence
Elle est sortie du silence pour la première fois et a accordé une interview aux médias indépendants.La tenniswoman chinoise Peng Shuai, 36 ans, a été interviewée par le quotidien sportif L’Équipe. Nos confrères ont pu rencontrer l’athlète en demandant conseil au Comité olympique chinois (COC) à l’occasion des JO d’hiver en Chine vendredi. Elle qui avait accusé l’ancien vice-Premier ministre Zhang Gaoli de l’avoir violée il y a trois ans était accompagnée du chef de cabinet du COC lors de l’entretien avant que ses informations ne soient censurées 30 minutes plus tard.
Un merci étrange
Peng Shuai, disparue depuis plusieurs jours et enfin revenue, tient tout d’abord à « remercier toutes les joueuses ATP et WTA qui ont pris soin d’elle, tout comme les athlètes« . En effet, de nombreuses stars mondiales du tennis, de Chris Evert à Novak Djokovic, ainsi que plusieurs pays occidentaux, notamment la France et les États-Unis, mais aussi l’Union européenne et les Nations unies, ont demandé à Pékin de connaître le destin de Peng Shuai.
Pas d’inquiétude à avoir
Depuis, sa prise de parole semble avoir sensiblement influencée. L’ancienne champion de Roland-Garros en double a admis qu’elle ne comprenait pas cette vague de soutien. « Je ne pense pas qu’il y ait de telles inquiétudes, je me demande : pourquoi y a-t-il de telles inquiétudes ?« . Selon Peng Shuai, c’est elle qui a supprimé sa tirade d’accusations début novembre. « Je l’ai supprimé (…) parce que je voulais le supprimer« , a-t-elle déclaré succinctement et nonchalamment. Avant de faire semblant d’être incomprise.
Pas de viol
« Ce post a provoqué un énorme malentendu pour le monde extérieur. J’espère que le sens de ce post ne sera plus déformé. Je n’ai jamais dit que quelqu’un m’avait déjà agressée sexuellement de quelque manière que ce soit« , a-t-elle répété, revenant ainsi sur ce fameux aveu, elle a raconté avec précision une relation forcée par un ancien haut dirigeant du pays.
Elle arrête le tennis
Annonçant qu’elle ne reprendra pas sa carrière en raison de l’état de son genou et de la pandémie, celle dont on a perdu tout signe de vie pendant deux semaines, assure n’avoir « jamais disparu, tout le monde a pu me voir ». « Beaucoup de gens, comme mes amis y compris du CIO, m’ont envoyé des messages, et il était tout à fait impossible de répondre à tant de messages (….) Je ne sais pas pourquoi l’information selon laquelle j’avais disparu s’est répandue », justifie-t-elle, évoquant un sombre problème informatique. Peng Shuai a fait part de son point de vue lorsqu’elle a été interrogée sur d’éventuels problèmes avec les autorités chinoises à la suite de son message accusateur. « Tout d’abord, je veux dire que les relations, le sport et la politique sont trois choses très différentes. Mes problèmes relationnels, ma vie personnelle, ne devraient pas impliquer le sport et la politique. »
Mais pourquoi un tel silence ?
Elle a expliqué qu’elle n’avait reçu aucune nouvelle. Ce qui a surpris toute la planète tennis, et plus inquiétant encore, c’est son cas. « J’avais seulement reçu un e-mail de la cellule psychologique de la WTA, aucun collègue ne m’a contactée. Pourquoi aurais-je besoin d’une assistance psychologique ou ce genre de choses ? Je ne savais pas comment je devais le comprendre… Mais si les psychologues de la WTA ne parvenaient pas à me joindre et pensaient (à cause de ça) que j’avais disparu, je trouve que c’est un peu exagéré », considère celle qui est venue soutenir les athlètes chinois lors de ces Jeux d’hiver. Difficile à l’heure actuelle se comprendre ce qu’il s’est passé et de percer le mystère de l’affaire qui porte son nom dans cette interview d’une heure.