Présidentielle : Le casse-tête pour Emmanuel Macron. L’élection présidentielle peut-elle être reportée ? Lundi, Jean Castex a appelé les candidats à l’élection présidentielle à Matignon. Selon le gouvernement, il ne fait aucun doute que l’élection sera reportée car la crise provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie a jeté une ombre sur la campagne.
Emmanuel Macron devait tenir samedi son premier meeting de campagne à Marseille. Cela ne se fera pas au final. La situation internationale affecte la campagne présidentielle. Mais un autre calendrier va inévitablement se rappeler au bon souvenir d’Emmanuel Macron d’ici à vendredi prochain : celui de sa candidature. Il y a le 4 mars, date limite de dépôt des parrainages, et le 7 mars date, de proclamation de la liste des candidats par le Parlement. Ses adversaires ne seront pas épargnés non plus, leurs agendas sont chamboulés et le débat se concentre presque exclusivement sur la guerre et ses conséquences. Après avoir rebondi après la crise sanitaire de cet hiver, la guerre en Ukraine semble désormais avoir relégué le sujet au second plan. A 41 jours du premier tour des élections, le 10 avril, on peut se demander si le vote aura lieu.
« Cela n’a jamais été envisagé par l’exécutif ou le gouvernement. » Ni par les candidats. Après une réunion avec les principaux candidats à la présidentielle à Matignon lundi, un conseiller ministériel nous a assuré que nous venons de terminer deux heures de réunion, personne n’a demandé. « Rien ne peut nous empêcher de parler de tous les sujets : l’Europe, la souveraineté, la défense, l’énergie, etc. En plus, les meetings et les émissions continuent« , a souligné un proche d’Emmanuel Macron.
La loi ne le prévoit pas
De plus, le cadre constitutionnel ne le permet pas. « Jusqu’à présent, il n’y a aucune raison de justifier le report des élections« , décortique sans ambages le constitutionnaliste Didier Maus. En effet, l’article 7 de la Constitution ne prévoit le report des élections qu’en cas de décès ou d’empêchement d’un candidat. « Les élections peuvent se dérouler dans des conditions normales, sans blocages institutionnels« , a-poursuivi Jean-Philippe De Rossier, professeur de droit public à l’université de Lille: « Il faut arrêter cette illusion de report de l’élection présidentielle. C’est une question que personne ne s’est posée avant le Covid. »
En outre, des réformes constitutionnelles doivent être entreprises pour réviser le calendrier électoral, car la constitution précise la durée du mandat présidentiel. Personne ne pense à cela pendant une seconde.
Quant à la légitimité du vote, peut-elle être remise en cause alors que la campagne est invisible et que certains opposants à Emmanuel Macron craignent que son statut de « chef de guerre » ne joue en sa faveur ? « Ce sont les aléas de la vie démocratique« , a rétorqué Jean-Philippe De Rossier. Au lieu de cela, a-t-il souligné, « c’est ce qui donne la légitimité nécessaire au président, qui est aussi le chef de l’armée« .
Des débats présidentiels éclipsés ?
Gérard Larcher, président du Sénat, s’inquiète de cette situation. Selon lui, à moins de six semaines du premier tour de la présidentielle, le président du Sénat craint que les débats présidentiels ne soient éclipsés par la crise ukrainienne.
Le président des Républicains au Sénat, Gérard Larcher, a mis en garde que si les débats présidentiels sur la guerre d’Ukraine « devaient être escamotés« , il pourrait y avoir une « légitimité » dans le risque de crise pour le prochain mandat d’Emmanuel Macron.
« Attention, on est à cinq semaines et demie de l’échéance du premier tour maintenant, s’il n’y a pas de débat, s’il n’y a pas de rapport, pas de projet, imaginez la réélection du président de la République, alors ce sera sous une forme d’omission du débat démocratique. Il y a donc un risque de légitimité pendant cette période« , a prévenu Gérard Larcher.
« Nous devons aussi planifier l’avenir du pays »
« Je réclame réellement qu’il y ait un débat où tout le monde est dans cette guerre, mais nous devons aussi planifier l’avenir du pays dans les cinq prochaines années« , a-t-il insisté.
Sans ces échanges « indispensables dans une démocratie« , le risque est qu’il y ait une crise de légitimité dans quelques mois. « C’est pourquoi ce débat doit avoir lieu et doit être engagé. C’est pourquoi notre candidate Valérie Pécresse poursuit résolument sa campagne » a-t-il ajouté.
Pour Gérard Larcher, Valérie Pécresse « est la seule à pouvoir défier Emmanuel Macron » car, selon lui, Éric Zemmour et Marine Le Pen, « les candidats pro-Poutine d’aujourd’hui ne peuvent espérer passer le second tour« , ils « sont disqualifiés pour le second tour ».
De son côté, le porte-parole du candidat Les Insoumis Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière, ne « veut » pas que le débat présidentiel soit «anesthésié » car « c‘est un moment où il faut parler de politique » et «le moment ou jamais de dire qu’un autre monde est possible, une autre vision du monde, une autre relation internationale ».
« On sait que le président de la République a sans doute aussi une stratégie, pas totalement cynique parce qu’il est pris par les affaires internationales, mais qui consiste à en faire le moins possible« , a ajouté le député des Insoumis. Pour lui, Macron « va sans doute s’annoncer comme candidat de manière assez sobre, et il est quasiment obligé de le faire« .
Pas de report de date pour les élections présidentielles. Macron est encore dans les clous pour se déclarer. Nous ne sommes pas en guerre directement, nous soutenons l’OTAN c’est tout. Si nous suivons cette ligne, pourquoi ne pas avoir demander le report de la dernière élection car nous avions déclarer la guerre à Daesch en Afrique ?