Utilisation de cabinets de conseil : Mc Kinsey, principal fournisseur de services de l’État, visé dans un rapport du Sénat. Le cabinet de conseils McKinsey notamment est très sollicitée par l’État, y compris pour des emplois qui ne relèvent pas du domaine, selon le rapport de la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil dans la mandature en cours, rendu public jeudi.
Un rapport de 361 pages, après avoir entendu 47 preneurs et analysé plus de 7 000 documents : C’est le rapport de la commission d’enquête du Sénat, jeudi, sur l’influence du cabinet de conseil au pouvoir. Auteur : Emmanuel Macron. Sa conclusion est claire : les dépenses de conseil ont doublé depuis 2018 pour atteindre environ 894 millions d’euros en 2021.
L’ampleur du phénomène a surpris Arnaud Bazin, sénateur de la République du Val-d’Oise et président de la commission d’enquête. « Le phénomène est tentaculaire, a-t-il noté. On retrouve, dans l’ensemble des politiques de l’État, l’intervention de ces cabinets de conseil de façon exponentielle. » Pour la rapporteuse du rapport, le phénomène éclaire les actions du gouvernement actuel. « Ils installent leur logique de réduction du nombre de fonctionnaires, qui peuvent être remplacés par des cabinets privés, peu importe si cela coûte un pognon de dingue« , a déclaré Éliane Assassi, sénatrice communiste de Seine-Saint-Denis faisant référence à une petite phrase d’Emmanuel Macron qui évoquait à l’époque les minima sociaux
L’élu a livré un véritable réquisitoire contre la place qu’occupent ces cabinets de conseil dans les politiques publiques de la mandature d’Emmanuel Macron. « Il s’agit pourtant d’argent public. Et encore, nous n’avons qu’une estimation minimale [de l’argent dépensé] car nous n’avons interrogé qu’environ 10% d’agences de l’État », a-t-elle souligné. Elle a évoqué « la profonde intrusion du secteur privé dans la sphère publique » qui a contribué à dégrader le statut des personnes travaillant dans l’administration française.
Le cabinet McKinsey visé spécifiquement
Par ses travaux, la commission espère révéler un système et démontrer que ces entreprises ont été spécialement invitées pendant la crise sanitaire liée au Covid-19. Elle a choisi McKinsey, décrit comme la « clef de voûte de la politique vaccinale » du gouvernement, ou Accenture, « architecte du pass vaccinal ». Le cabinet McKinsey a également été particulièrement visée pour le travail des élus. Avec une facture de plus de 12 millions d’euros, il a été le plus utilisé par l’executif pendant la crise sanitaire. Pourtant, les sénateurs l’ont également découvert qu’il pratique l’optimisation fiscale.
« Le cabinet McKinsey n’a pas payé d’impôt sur les sociétés en France depuis au moins une décennie, alors que son chiffre d’affaires sur le territoire national a atteint 329 millions d’euros en 2020, dont environ 5% provenaient du secteur public« , explique Éliane Assassi, sénatrice communiste et rapporteuse de la commission d’enquête sur les cabinets de conseil.
Ces faits donneront lieu à une enquête judiciaire. Les sénateurs ont également condamné les prestations payées, qui ne font l’objet d’aucune suite. Ce fut le cas, par exemple, d’un rapport McKinsey visant à préparer la réforme des retraites, mais qui fut finalement retardé. « On sait qu’il y a un powerpoint et un petit cahier de 50 pages. Pour une prestation à 950 000 euros, ça fait cher la page« , dénonce Éliane Assassi, qui s’interroge : « Où est le rapport ? » – la facturation de près de 500 000 euros – n’aboutit pas aux tâches prévues. Malgré leurs demandes, les sénateurs n’ont pas pu accéder aux documents, même s’ils sont parfois renvoyés à la commission de la défense, renforçant un sentiment d’utilisation opaque des fonds publics dénoncé dans ce rapport.