Les syndicats d’enseignants consternés par l’interview du chef de l’État
Encore une fois, le président de la République a profité de ce moment de télévision pour faire un certains nombre d’annonces sans aucune concertation avec les principaux intéressés. On peut même penser que le ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, a découvert ces mesures devant sa télévision. Pour une syndicaliste du second degré, «Emmanuel Macron a déroulé son projet politique sans aucune considération pour les enseignants ou pour les organisations syndicales». Quand il dit: «Je veux qu’à la rentrée prochaine, on puisse remplacer du jour au lendemain les profs [absents] dans les classes. Ce n’est pas le cas aujourd’hui dans beaucoup de collèges et de lycées», Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, répondra que «c’est un effet d’annonce qui est en déconnexion totale avec la réalité pédagogique. Concrètement, ça revient à demander au pied levé à un autre enseignant de l’établissement, qui ne connaît pas la classe ni l’avancée du programme, de remplacer son collègue. C’est mettre un adulte devant une classe, sans aucune considération pédagogique. C’est de l’affichage».
Le second thème abordé a fait bondir tout autant. Macron a ainsi évoqué «qu’on réponde aux besoins de la ruralité sur le scolaire». «Parce qu’on a des baisses d’effectifs, parfois il faut fermer – on continuera de devoir fermer des classes et des établissements –, mais [il faut] qu’on améliore la réponse avec parfois les classes multiniveaux » ou des « internats ruraux». Là aussi, la proposition a sidéré le corps enseignant concerné. Guislaine David, cosecrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU, dira que ces propos sont «complètement hors-sol» et risquent d’accentuer les difficultés démographiques des zones rurales. Elles ajoutent que «les gens n’iront pas s’y installer et quitteront ces territoires».
Dernier sujet sensible: réformer le lycée professionnel
Le président de la République souhaite «qu’on réforme le lycée professionnel, indispensable pour être juste avec nos jeunes, et les amener vers l’emploi et la formation». Sigrid Gerardin, cosecrétaire générale du premier syndicat de l’intersyndicale des lycées professionnels, le Snuep-FSU, répondra que «c’est complètement irresponsable qu’il continue à porter cette réforme des lycées pros. C’est assumer de réouvrir un front important au niveau de l’éducation». Elle ajoutera: «On connaît son objectif: c’est de remplacer les lycées professionnels par l’apprentissage, assure la responsable syndicale. Il assume le fait d’instrumentaliser le parcours scolaire des jeunes pour les mettre en entreprise et au travail plutôt qu’à l’école».