Pour rappel, les premières accusations de financements libyens de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy remontent à mars 2011. Cette affaire aura mené les juges d’instruction dans de multiples pays (Libye, Arabie Saoudite, Emirats, Djibouti, Suisse, Liban, Malaisie…), treize personnes ont été mises en examen à ce jour. À commencer par Nicolas Sarkozy, pour corruption passive, financement illégal de campagne électorale, recel de fonds publics libyens et association de malfaiteurs, ainsi que plusieurs de ses proches comme les deux anciens ministres Claude Guéant et Brice Hortefeux, Thierry Gaubert et Eric Woerth, ancien trésorier de la campagne, mais également l’intermédiaire Ziad Takieddine, l’homme d’affaires Alexandre Djouhri – mis en examen notamment pour corruption mais pas pour le financement illégal -, Béchir Saleh, l’ancien grand argentier de Kadhafi, et Khaled Bugshan, un des hommes les plus fortunés d’Arabie saoudite. Lesquels contestent tous les faits reprochés.
Un homme au centre du dossier: Ziad Takieddine
Durant l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2012, Mediapart publiait un document dont l’authenticité fera ensuite débats. Dans cette note attribuée au chef des services secrets libyens, il était évoqué l’accord de Kadhafi pour financer la précédente campagne à hauteur de 50 millions d’euros à la suite d’un rendez-vous s’étant déroulé le 6 octobre 2006 en présence de Brice Hortefeux et de Ziad Takieddine. Suite à ces révélations, en janvier 2013, le parquet de Paris saisissait l’Office central de Lutte contre la Corruption et les Infractions financières d’une enquête préliminaire des chefs de corruption, d’abus de biens sociaux et de blanchiment. Cela faisait notamment suite aux déclarations effectuées, le 19 décembre 2012, par l’intermédiaire Ziad Takieddine lors d’un interrogatoire dans une information judiciaire distincte. Une information judiciaire contre X était ouverte le 19 avril 2013.
Lors de ses interrogatoires, Ziad Takieddine reconnaîtra ensuite avoir lui-même remis 5 millions d’euros en liquide à Claude Guéant destinés à financer la campagne électorale. Devant les magistrats instructeurs, il affirmera à plusieurs reprises détenir les preuves de ces financements, promettant de les remettre rapidement à la justice. Toutefois, il n’apportera jamais la preuve de ses allégations. D’autres témoignages de hauts dignitaires du régime libyen ne seront pas retenus car trop fantaisistes. Mais, en novembre 2020, dans Paris Match, Takieddine reviendra sur ses accusations concernant l’ancien président de la République, avant de nouveau faire volte-face face aux magistrats venus l’interroger deux mois plus tard à Beyrouth. Les conditions de cette rétractation font l’objet d’une information judiciaire parallèle pour subornation de témoin.
Un éventuel procès pourrait se tenir d’ici 18 mois. Il appartiendra au PNF de poursuivre ou non.