Pourtant, ce ne sont pas les déclarations de la direction de TotalEnergie de lundi matin qui vont apaiser les choses. En effet, fait rare pour être souligné, elle a indiqué que le salaire moyen des salariés en grève était de 5000€ par mois. Toutefois, le groupe insiste que «sous réserve de la fin des blocages des dépôts et de l’accord de l’ensemble des partenaires sociaux, la Compagnie propose d’anticiper au mois d’octobre la Négociation Annuelle Obligatoire qui était prévue en novembre». Cette prise en otage des clients est vu d’un très mauvais œil y compris parmi les autres syndicats notamment la CFDT qui a réagi ce week-end. Son patron, Laurent Berger a déclaré que, dans le contexte actuel, cette grève n’intervenait pas au bon moment.
Un communiqué explicite
Il l’est tellement qu’il ressemble plus à une lettre d’intention envers la CGT que d’une explication donnée à la presse sur l’avenir des pourparlers. La direction indique que «ces négociations permettront de définir comment les salariés pourront bénéficier, avant la fin de l’année, des résultats exceptionnels générés par TotalEnergies, tout en prenant aussi en compte l’inflation de l’année 2022». L’entreprise, selon ses dires, «a en effet la volonté que tous les collaborateurs soient prioritaires dans le partage de la valeur et reçoivent la juste récompense de leurs efforts sur leur fiche de paye avant la fin de l’année». Total appelle aussi «l’ensemble des salariés et partenaires sociaux de l’entreprise à un esprit de responsabilité pour continuer à assurer sa mission de sécurité d’approvisionnement vis-à-vis des consommateurs français».
Des approvisionnement devenus quasi impossible
Avec cette grève de plus de dix jours, qui touche cinq raffineries sur huit en France (des sites de TotalEnergies et d’Esso), les livraisons de super et de diesel arrivent au compte-gouttes jusqu’aux pompes. De plus, les stations Total qui offrent des rabais de 30 % sont prises d’assaut. Il n’en fallait pas moins pour que, dimanche, 29,7 % des stations-service en France connaissaient des difficultés d’approvisionnement. La situation est très préoccupante dans deux régions: les Hauts-de-France, où 54,8 % des stations ont des ruptures de stock, et l’Île-de-France, où 44,9 % sont dans la même situation. De nombreux franciliens ont ainsi pu voir un grand nombre de stations-service complètement fermées.
Le gouvernement a réagi par la voix de Marlène Schiappa, sur la chaîne Public Sénat, qui dit que bien que «très attachée au droit de grève», elle estime que «la méthode de «grève préventive» menée par la CGT interroge.» Une interrogation à laquelle se joint Gabriel Attal qui assure sur France Inter que l’exécutif «met la pression pour que le dialogue puisse se nouer le plus rapidement possible».
Demander à partager les bénéfices exceptionnels peut être une juste revendication, à condition d’accepter cela sous la forme d’une prime. Chacun sait qu’une augmentation de salaire est définitive, même si l’entreprise subit un retournement économique.
Quelle sera la réaction de la CGT si la situation se retourne; inutile de se poser la question, ce sera une grève si l’entreprise demande une réduction de salaire.
Maintenir le pouvoir d’achat, c’est aussi une juste revendication dans la situation actuelle; demander une augmentation du pouvoir d’achat en bloquant le pays est un mépris envers la population.
Mais le côté caché de la CGT ne serait-il pas de punir la France pour les sanctions imposées à la Russie?