Les jeunes sont plus susceptibles d’être au chômage que les autres groupes d’âge. Plusieurs candidats de gauche ont proposé d’abaisser l’âge pour percevoir le Revenu de solidarité active (RSA) de 25 à 18 ans afin d’accompagner financièrement les jeunes en situation de précarité. D’autres soutiennent que le système n’est pas propice à la recherche d’emploi et proposent d’autres solutions, comme une aide à la formation combinée à des allocations facultatives.
C’est quoi le RSA ?
Le Revenu de Solidarité Active (RSA) est une allocation qui assure un revenu minimum aux plus de 25 ans. Il a été lancé en 1988 sous le nom de « Revenu Minimum Intégré » et est devenu un RSA en 2008, avec des montants allant de 565 € à 1 187 €, selon la taille du ménage et le niveau de revenu. Depuis 2010, les 18-25 ans peuvent en bénéficier, à condition d’avoir travaillé à temps plein au moins deux des trois dernières années ou d’avoir au moins un enfant à charge. Fin 2019, 700 foyers bénéficiaient du RSA, selon un bilan de septembre 2021 de la cellule de recherche Drees du ministère de la Santé. La France appartient avec le Luxembourg à la catégorie « la plus restrictive » des pays européens lorsqu’il s’agit de donner des revenus pour les moins de 25 ans, selon une étude publiée en 2014 par l’INSEE. Alors que la fondation de l’abbé Pierre vient de remettre son rapport sur le mal-logement, l’association pointe également « cette jeunesse qui souffre« .
En quelques chiffres
Les jeunes sont particulièrement vulnérables à l’instabilité des marchés professionnels. En 40 ans, le taux de chômage des 15-24 ans est passé de 11,6 % en 1980 à 20 % au troisième trimestre 2021, selon les données de l’INSEE. « Parmi ceux qui sont entrés sur le marché du travail et étaient plus souvent employés dans des emplois précaires, les jeunes ont été touchés de manière disproportionnée par l’impact économique de la crise du Covid-19 », écrit l’Insee dans une étude publiée en novembre dernier. En mai 2020, 46 % des 18-24 ans en emploi étaient en chômage partiel ou qualifié, contre 35 % chez les 25 ans et plus. Malgré l’amélioration de l’insertion professionnelle des jeunes, « la proportion de jeunes qui ne sont ni en emploi ni en formation reste plus élevée qu’avant la crise », atteignant 12,8% de cette tranche d’âge au deuxième trimestre 2021, contre 12,3% au quatrième trimestre de 2019.
Un projet de loi rejeté
En mai 2021, un projet de loi proposé par des représentants des partis français insoumis, socialistes et communistes visant à étendre le RSA aux 18-24 ans a été rejeté par l’Assemblée nationale. La Métropole du Grand Lyon a lancé le 1er juin son Revenu de Solidarité Jeunes (RSJ). Il s’adresse aux non-étudiants de moins de 25 ans qui ne rentrent dans aucun dispositif existant, disposent de moins de 400 euros de ressources actives mensuelles et ne bénéficient d’aucun soutien financier d’un tiers ou d’un parent. Le montant de ce RSJ est compris entre 300 et 400 euros et le programme est porté par des professionnels de la Mission locale de Lyon, organisme public d’aide à l’insertion professionnelle des jeunes, ou d’une association.
Une garantie jeunes instaurée par le gouvernement
Emmanuel Macron a annoncé le 2 novembre que le Contrat Participation Jeunes remplacera en mars 2022 la Garantie Jeunes, instaurée en 2017 pour les jeunes de 16 à 25 ans défavorisés sur le marché du travail avec une aide. Le contrat de participation des jeunes s’appliquera aux personnes de moins de 26 ans qui ne sont pas en emploi, en formation ou en études. Ils bénéficieront d’au moins 15 à 20 heures d’accompagnement professionnel, encadrés par un mentor. Une allocation « jusqu’à 500 euros par mois » peut être versée « sur la base des revenus, de la fréquentation et de l’acceptation des offres d’activités ». Le dispositif sera valable 12 mois maximum. « Il ne s’agira pas d’un RSA jeunes, mais d’encourager, de valoriser l’insertion professionnelle et l’activité », a expliqué le Premier ministre, Jean Castex, le 8 septembre dernier.
Les candidats en faveur d’un RSA Jeune : Anne Hidalgo (Parti Socialiste), Yannick Jadot (Europe Ecologie les Verts), Jean-Luc Mélenchon (la France Insoumise) et Fabien Roussel (Parti Communiste Français), Christiane Taubira (Divers Gauche)
Les candidates en défaveur d’un RSA Jeune : Marine Lepen (Rassemblement national), Eric Zemmour (Reconquête), Valérie Pécresse (les Républicains)
Le soutien existant pour les jeunes ne suffit pas
La Garantie jeunes, l’aide mise en place en 2017 pour les jeunes de 16 à 25 ans, « 497,50 euros sous conditions, apprenez à vivre avec ça’« , a annoncé le candidat du Parti communiste français Fabien Roussel à L’Humanité. Fin 2020, 87 600 personnes bénéficiaient de la protection de la jeunesse, selon la DREES. En décembre 2020, un rapport du Conseil d’orientation des politiques de jeunesse, une commission administrative consultative placée auprès du Premier ministre mettait en évidence « tous les jeunes en situation de précarité qui ont été aggravé par la crise sanitaire ces derniers mois« . En novembre, le Premier ministre Jean Castex a annoncé que le contrat de participation des jeunes, qui devait remplacer la garantie pour la jeunesse, devrait soutenir 400 000 personnes en 2022.
Pourquoi ce seuil de 25 ans ?
« Défendre l’émancipation de la jeunesse », c’est nécessairement remettre en cause ce « rituel d’initiation à la culture française » qui fait baver les jeunes avant d’accéder au RSA dès 25 ans », écrit le Parti socialiste dans sa proposition présidentielle. Il est difficile de comprendre pourquoi on est majeur à 18 ans mais économiquement secondaire jusqu’à 25 ans », en ce sens, Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités est un économiste et sociologue indépendant.
Tous les jeunes ne reçoivent pas de l’aide parentale
Yannick Jadot a dénoncé les politiques « familistes » de la France en matière d’aide sociale : « Nous pensons que jusqu’à 25 ans, nous ne sommes que les enfants de nos parents. Je veux renforcer l’autonomie des jeunes », a-t-il déclaré sur BFMTV en septembre. Il a exprimé son soutien à l’élargissement du RSA aux 18-24 ans, qu’il considère comme la première étape vers l’établissement d’un revenu universel pour les 18 ans et plus. Selon une étude INSEE de 2018 basée sur des données de 2013, « le soutien financier des parents diminue rapidement avec l’âge ». En 2013, 68,6 % des 18-19 ans vivant en logement indépendant ont reçu leur aide financière régulière, contre 9,7 % des 24-25 ans.
Un retour à l’emploi difficile
Les opposants à la mesure affirment que les jeunes qui acceptent le RSA risquent d’en être satisfaits et de ne plus chercher d’emploi. En novembre, BFMTV a estimé que le contrat d’engagement des jeunes du gouvernement « est un RSA jeune », qui, selon la candidate républicaine Valérie Pécresse, « ancrerait les jeunes dans l’aide« . Elle souhaite mettre en place un revenu actif jeune de 670 euros pour les jeunes qui se forment à temps plein dans les « métiers qui recrutent ». Dans une étude publiée en 2014, l’Insee concluait que le RSA « n’avait pas d’effet inhibiteur significatif sur l’emploi des jeunes ».
Le RSA n’inclut pas le dispositif d’aide à l’emploi
Le RSA donne droit à d’autres aides que les allocations mensuelles, telles que l’exonération de la taxe d’habitation ou la complémentaire santé, l’aide de l’Etat pour les frais médicaux, mais pas la prise en charge. Dans certains cas, les bénéficiaires du RSA sont obligés de rechercher un emploi. La ministre du Travail Élisabeth Borne expliquait en février qu’en 2019 « plus d’un allocataire du RSA sur deux n’a pas bénéficié d’une aide à l’emploi en moins de six mois ». Selon une analyse publiée par l’INSEE en décembre 2020, les plus nombreux parmi les jeunes chômeurs sont les jeunes « sous-diplômés » », explique l’Insee, notant qu’en 2017, ils représentaient un quart des jeunes chômeurs.
Une mesure onéreuse
Éric Zemmour, candidat du parti Reconquête, estime que les dépenses sociales représentent les « masses himalayennes » de France et dénonce le choix du gouvernement de « financer cette générosité sociale » par « une dette exponentielle ». Le Figaro en mars. Le représentant du Parti socialiste, Boris Vallaud, est le rapporteur d’un projet de loi visant à étendre le RSA aux 18-24 ans et à le combiner avec des primes d’activité, un complément de revenu destiné aux travailleurs aux ressources modestes a prévu un coût de 20 milliards d’euros par travailleur maximum ». La proposition a été rejetée par l’Assemblée nationale en février dernier.