Depuis une semaine, Orpea, l’un des leaders mondiaux des EHPAD (1.156 établissements dans 23 pays), est au cœur d’un scandale déclenché par le livre Les Fossoyeurs du journaliste indépendant Victor Castanet. Un livre qui dénonce le « système » des repas et des soins « rationnés » sans oublier les pratiques financières douteuses qui servent les profits des entreprises.
Délit d’initié ?
Selon Le Canard Enchaîné, l’ancien directeur d’Orpea aurait gagné plus de 588 000 euros en vendant 5 456 actions de sa société trois semaines après avoir appris la sortie du livre de Victor Castanet. « Ce qui peut s’apparenter à un délit d’initié ». Les révélations autour du groupe Orpea se poursuivent. Le Canard Enchaîné a révélé dans son édition de mercredi que l’ancien directeur général Yves Le Masne, licencié dimanche soir, vendrait des actions après avoir appris que le journaliste Victor Castanet préparait un livre Les Fossoyeurs. Trois semaines seulement après que les auteurs de l’enquête aient contacté le groupe, l’ancien directeur a vendu plusieurs de ses actions Orpea, un total de 5 456 actions. Yves Le Masne l’avait notifié à l’Autorité des marchés financiers (AMF) le 4 août 2021 en sa qualité de mandataire social de l’entreprise publique. Sa déclaration a été enregistrée par l’AMF.
Dans le détail, vendre ces 5 456 actions lui aurait rapporter 588 157 euros. Le document a mis en évidence un fait qui « peut s’apparenter à un délit d’initié ». A l’heure actuelle, Yves Le Masne ne s’est pas encore expliqué sur la cession d’actions.
« Une sorte de cynisme »
Le groupe Orpea, qui compte près de 1 200 établissements et 116 000 lits dans 23 pays, a vu une baisse conséquente de son action à la bourse. A la clôture de la bourse, mardi, le titre valait 40,10 euros, après s’être précédemment négocié à 37,77 euros. « On nous l’a dit à cause d’un signalement à l’AMF », a réagi Philippe Charrier, successeur d’Yves Le Masne, à la tête d’Orpea depuis dimanche soir. « Les autorités examineront le dossier avec les personnes concernées, il a peut-être de bonnes raisons, mais je ne le jugerai pas pour les autorités », a-t-il ajouté.
Philippe Charrier n’était apparemment pas au courant de ce rapport d’enquête du journaliste Victor Castanet, puisqu’il a acheté 800 actions Orpea entre le 11 et le 15 octobre 2021, indique encore Le Canard Enchaîné. Brigitte Bourguignon, représentante du ministre de l’autonomie qui était invitée mercredi à la réunion de LCI, a évoqué « un certain cynisme » du dirigeant. « Ce serait grave si des gens quittent le bateau alors qu’ils sont inculpés, se sauvent dans la foulée », a-t-elle poursuivi, ajoutant que les dirigeants d’Orpea « devraient répondre » aux allégations formulées.
Le gouvernement lance deux enquêtes
Le gouvernement a annoncé mardi qu’il aurait jusqu’à la fin du mois pour faire des recommandations pour prévenir les maltraitances dans les EHPAD et lancer une « opération de contrôle massif » au sein du groupe Orpea, accusé de graves dysfonctionnements. Brigitte Bourguignon, la représentante du ministre de l’Intérieur, a annoncé que les propositions impliqueraient « des leviers capables d’empêcher des situations similaires à l’avenir », apparentés à ceux condamnés dans l’enquête.
Les pistes à explorer passeront par un éventuel contrôle accru ou une meilleure prise en compte de la voix des résidents et de leurs familles. Les autorités ont également annoncé le lancement d’une « double enquête » administrative sur Orpea, confiée aux inspecteurs généraux des affaires sociales (Igas) et des finances (IGF).