C’est un débat qui dure depuis trop longtemps et qui a créé des situations de grandes difficultés pour certains propriétaires. En effet, si la loi en matière de logements énergivores est appliquée, alors à partir du 1er janvier 2025, les locations des passoires thermiques seront interdites. Néanmoins, devant un secteur ultra tendu et une chute quasi historique du marché de l’acquisition immobilière, la présidente du site Particulier à Particulier (PAP), Corinne Jolly, estime que «la loi ne sera pas appliquée parce qu’elle n’est pas réaliste».
Des situations ubuesques
Si l’on se fie au calendrier fixé dans le cadre de la loi résilience de 2021, les logements classés G au diagnostic de performance énergétique seront considérés indécents à partir de 2025. Puis, ce sera le tour des logements F en 2028 et les logements E en 2034. Néanmoins, la loi n’interdit pas aux propriétaires de louer sous peine de sanction, c’est au locataire de saisir un juge si nécessaire. Mais, pour Corinne Jolly, «l’inquiétude» des locataires, «c’est de trouver un logement, pas d’attaquer leur propriétaire», expliquera-t-elle chez nos confrères de France Info, lundi 30 décembre. La présidente du site spécialisé estime qu’«on ne peut pas retirer ces 600.000 logements du parc» immobilier actuel.
Les «petits» bailleurs entre attentisme et frustration
La présidente du site PAP observe, côté propriétaires, un certain «attentisme» compte tenu de «l’instabilité des lois, des sanctions». Et son discours semble trouver écho chez Valérie Létard, la ministre du Logement, qui s’est dite favorable à une adaptation pour les copropriétés en octobre dernier. Corinne Jolly martèle que «cela fait des années qu’on dit que ce calendrier n’est pas réaliste du tout». Pour elle, les propriétaires font face à «beaucoup de problèmes». Et de les lister: «problème de financement», «des gros problèmes pratiques en copropriétés où il faut faire voter les travaux», «des problèmes techniques, l’isolation par l’intérieur enlève de la surface et l’isolation extérieure n’est pas toujours possible», notamment dans les immeubles dits «haussmanniens» par exemple. Elle poursuivra en indiquant que les propriétaires sont aussi «découragés» dans le «labyrinthe des aides à la rénovation» et vont préférer vendre leur bien. Selon les notaires de France, ces logements classés G ou F représentent 13% de ventes au dernier trimestre 2024. «Il y a des acheteurs pour les passoires thermiques en ce moment parce que ces biens se vendent moins cher», conclura Corinne Jolly.