Le salon de l’agriculture affiche ses ambitions. Le Salon International de l’Agriculture (SIA) avait été reporté à 2021 en raison de la crise sanitaire. De nombreux éleveurs et producteurs ont rejoint à Paris samedi le salon de l’agriculture pour deux semaines. Près de 600 000 visiteurs et 1 000 exposants sont attendus, selon les organisateurs du salon.
Cette année, le SIA a pris le parti de la fête en choisissant comme thèmes « La Réunion » et « L’agriculture, notre quotidien, votre avenir ». « L‘idée du quotidien est de mettre en avant l’importance des agriculteurs travaillant à la ferme. Votre avenir, c’est parce que nous affirmons que l’agriculture française est certainement l’une des plus propres au monde et répond le mieux aux besoins des consommateurs« , a expliqué le président du SIA Jean-Luc Plane.
Un moment de communication avec les consommateurs
Pour les exposants, les retrouvailles étaient également attendues. En plus d’affecter l’activité économique, la pandémie a marqué la fin des foires et concours qui constituaient des moments de communication entre agriculteurs. « Nous avons un métier isolé. Aller au SIA nous permet de nous retrouver parmi les éleveurs et de briser la solitude », explique Eric Hontang, éleveur bovin en Gironde.
Le SIA n’est pas seulement une rencontre entre collègues, mais un moment phare de discussion avec les consommateurs. A l’heure où les méthodes traditionnelles de production agricole sont critiquées, le salon lance un dialogue entre consommateurs et producteurs. « L’agriculture est au cœur des débats de notre société. Dans l’espace médiatique, elle est entourée d’attentes et d’incompréhensions. Le SIA est un moment irremplaçable où l’on a le temps de communiquer entre consommateurs et producteurs« , ,analyse Didier Crabos, président de Pink Lady® Europe. Et d’ajouter : « On revient toujours du SIA avec le sentiment compréhension et d’échange. Chaque acteur a une chance d’exprimer ce qu’il fait et pourquoi il le fait. »
Un constat partagé par Philippe Missillier, agriculteur au Grand-Bornand : « Le SIA est important pour rappeler au consommateur qu’on fait attention à notre environnement. Les agriculteurs sont souvent critiqués sur l’usage des pesticides mais l’environnement est notre outil de travail. Nous y tenons également. »
Des revendications politiques
Autre rendez-vous attendu par le monde agricole, des retrouvailles avec des hommes & femmes politiques. Dans les semaines précédant le premier tour, passer l’allée du salon est sans doute un must pour tous les candidats à la présidentielle. Les intervenants et participantes du SIA sont bien conscients de cette opportunité, et ils veulent en profiter pour faire passer un message aux aspirants de l’Elysée. « Les candidats affluent au SIA car le secteur agricole est très important. L’agriculture est une chance pour notre pays et nous voulons le dire aux candidats », a déclaré Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats agricoles (FNSEA), dans un communiqué.
Le berger picard Antoine Lefebvre a voulu transmettre aux candidats son désir de voir la politique agricole se développer au plus près de sa réalité : « On nous impose des choses absurdes parfois. Ce qui s’établit dans le monde politique, c’est la réalité de nos vies. » Pour Eric Hontang, la question des conditions de travail est un axe majeur des discussions avec les candidats et les élus politiques : « J’espère qu’on n’accablera plus le monde agricole de carcans administratifs. Les agriculteurs doivent être ouvriers, patrons, comptables. Ce fardeau administratif nous pèse. Je ne sais pas si les politiciens en sont conscients. Le monde paysan a deux semaines pour semer ses idées dans le vaste champ de l’élection présidentielle. »