Deux policières ont porté plainte pour harcèlement moral contre leur supérieur hiérarchique. L’enquête a été confiée à l’IGPN.
Des remarques qui ne passent plus…
D’après le dire des policières, les commentaires racistes, sexistes et homophobes de la part de leur supérieur participent à l’ambiance toxique et malaisante du commissariat où elles travaillent. La procureure de la République Frédérique Porterie a annoncé à l’AFP « Deux plaintes pour harcèlement moral [ont été] déposées entre fin avril et mi-mai dans un contexte de conflit interne dans un groupe d’enquêteurs du commissariat de Bordeaux », l’une accuse même son supérieur de « propos racistes ». Cependant, elle a précisé que jusque là il n’y a pas « d’élément à ce stade permettant de confirmer ou d’infirmer les accusations ».
Une plaignante raconte que les « remarques sexistes et homophobes à l’égard de collègues féminines du service, à raison de leur orientation sexuelle réelle ou supposée » sont arrivées très vite après son intégration dans le service Violences Intrafamiliales de la police de Bordeaux. Cette policière depuis 25 ans dénonce un « harcèlement de son chef de groupe ».
Quelles sont ces remarques ?
L’avocate de l’une des plaignantes a rapporté à l’AFP le déroulé des faits. Le brigadier-chef du service « s’est présenté un jour dans son bureau et il lui a hurlé dessus pendant près de quarante minutes avec une collègue, en leur disant qu’elles lui « cassaient les couilles » et qu’un jour « un collègue pourrait [les] taper » car elles étaient des « fouteuses de merde » ». L’avocate ajoute que la policière s’était alors sentie « rabaissée comme elle ne l’avait jamais été dans sa carrière ».
Ambiance toxique
Ce n’est pas seulement cet incident menaçant que raconte la policière, elle fait la liste des différentes remarques et agressions verbales qu’elle a subi, autant de vive voix dans les couloirs que par mail ou sur WhatsApp : « Couscous, il est prêt le couscous ? », « je vais voter Marine Le Pen aux prochaines élections », « grosse pute ». Humiliée, elle s’est rapidement sentie à l’écart. Après 25 ans de carrière, à 50 ans, la policière explique qu’elle « en a marre d’être renvoyée à ses origines maghrébines » et dénonce une ambiance « hostile et offensante ». Elle décide alors d’alerter syndicats et supérieurs, en vain. Dès lors au printemps, elle décide de porter plainte contre son brigadier-chef.
Son avocate, Me Cessieux est ferme sur ce sujet : « Il y aurait pu avoir une reprise en main du service. Ma cliente a dû quitter son service et n’a pas droit à la protection fonctionnelle, c’est la double peine ». Elle « attend une réponse énergique de la justice et de l’environnement police ».