Menacé de mort après avoir demandé à une élève de retirer son voile, le proviseur quitte ses fonctions «pour des raisons de sécurité»

En effet, alors que la situation était très claire hier soir, ce matin, le rectorat a fait savoir qu’il s’agissait d’un «départ anticipé» à la retraite. Si cette administration ne nie pas les faits, elle remet en cause «les raisons de sécurité» évoquées dans un premier temps. On ne peut s’empêcher de remarquer que cette annonce intervient après que l’exécutif ait annoncé que le plan Vigipirate revienne à son plus haut niveau, soit «Alerte attentat», juste après l’attaque islamiste en Russie.

Le proviseur voulait juste faire respecter la loi sur la laïcité

Quel est le signal envoyé aux islamistes ici? Les faits se sont produits fin février. Le proviseur demande à une (ou trois) jeune fille, élève à la cité scolaire Maurice-Ravel, situé 89 cours de Vincennes dans le 20^e arrondissement de Paris, d’enlever son voile islamique comme le stipule la loi de 2004 sur la laïcité. Cependant, le directeur de l’établissement se verra menacé de mort sur internet. Il préviendra sa hiérarchie qui ne donnera pas suite. Dans un message interne au lycée, adressé aux parents, élèves, enseignants et membres du conseil d’administration, le proviseur «a quitté ses fonctions pour des raisons de sécurité». Version qui n’était pas contestée mardi 26 mars au soir. Mais, mercredi 27 au matin, le rectorat évoquera un «départ anticipé» à la retraite.

Ce dernier ajoutera que «le proviseur du lycée Maurice-Ravel arrivant à quelques mois de sa retraite, il a été décidé, au vu des évènements qui ont marqué ces dernières semaines, de leur médiatisation et de l’impact qu’ils ont pu avoir sur lui, de lui accorder, en accord avec la direction de l’académie de Paris, un départ anticipé». Un nouveau proviseur a été nommé par la direction académique. Il sera «aidé (…) par l’équipe de direction et l’ensemble de la communauté scolaire du lycée», «soudés pour faire face à cette situation exceptionnelle».

Le rectorat fait face au principal syndicat des chefs d’établissements

Le SNPDEN-Unsa a soutenu la version du proviseur. En effet, ils sont témoins de ce genre de situation au quotidien ou presque. Et le changement de version, brutal, du rectorat n’a pas été apprécié par le secrétaire général du syndicat. De plus, selon le parquet de Paris, le proviseur avait «rappelé à trois élèves leur obligation de retirer leur voile» dans l’enceinte de l’établissement. «L’une d’elles, majeure et scolarisée en BTS», avait «ignoré le proviseur, ce qui a provoqué une altercation», d’après le procureur. C’est alors que des menaces de mort à l’encontre du proviseur avaient ensuite été proférées sur internet.

Nous apprenons aussi, de la même source, qu’un individu de 26 ans, originaire des Hauts-de-Seine, a été interpellé dans cette affaire et sera jugé le 23 avril à Paris pour avoir menacé de mort sur internet le chef d’établissement. De plus, un autre homme, interpellé mi-mars à Trouville, dans le Calvados a été placé en garde à vue dans le cadre de cette enquête.