Accusés d’avoir exploité six travailleurs marocains dans des conditions indignes au sein de domaines viticoles bordelais, un père et son fils comparaissent devant le tribunal correctionnel de Libourne, mardi 15 octobre. Les victimes dénoncent des promesses non tenues et des conditions de vie déplorables, tandis que les prévenus rejettent en bloc les accusations.
Hébergés dans des conditions déplorables et pas payés
Un père et son fils d’origine marocaine, Ahmed et Mehdi Genna, ont été jugés mardi 15 octobre par le tribunal correctionnel de Libourne, pour des faits de traite d’êtres humains. Ils sont accusés par six travailleurs marocains de les avoir exploités dans des domaines viticoles bordelais, les hébergeant dans des conditions déplorables et ne les payant pas pour leur travail.
Les victimes, toutes recrutées au Maroc, racontent des histoires similaires. Les prévenus, leur auraient promis des emplois rémunérés à 1 500 euros par mois, un logement décent et l’obtention d’un titre de séjour. Pour ces promesses, les jeunes hommes auraient versé environ 12 000 euros afin de venir en France. « J’ai accepté, car je voulais une vie meilleure », explique l’un des plaignants, un ancien mécanicien au Maroc, à la barre du tribunal. Pour financer son départ, il a utilisé ses économies et celles de sa famille. Arrivé en France en juin 2022, il affirme qu’il n’avait aucune idée de son lieu de travail ni de son logement à l’avance.
« Ce sont des incapables »
Le premier à avoir porté plainte en septembre 2022 décrit un logement exigu, où huit personnes s’entassaient sur des matelas sales, sans accès à une douche chaude. Les journées de travail dans les vignes étaient longues, avec seulement 15 minutes de pause pour déjeuner et aucune rémunération pour 18 jours de labeur. Un autre plaignant, exprimant sa colère, qualifie cette expérience de « vaste arnaque. J’avais confiance en Mehdi, je le connaissais depuis notre enfance, je ne pensais pas qu’il me tromperait », confie-t-il.
Face à ces accusations, Ahmed Genna nie en bloc. Il rejette les conclusions de l’Inspection du travail, qui avait pourtant confirmé les conditions de logement indignes. « Le logement était propre, ce sont eux qui ont tout sali pour prendre des photos », se défend-il. Selon lui, aucune des victimes ne lui a versé d’argent pour venir en France. Il accuse même les plaignants d’avoir intenté cette procédure pour obtenir des papiers. « Ils n’ont pas réussi à supporter le travail dans les vignes. Ce sont des incapables, ils n’ont même pas travaillé un jour, donc je n’avais pas à les payer ».
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