L’enquête a débuté en 2023 et avait été confiée à la gendarmerie. Une opération coordonnée sur tout le territoire nationale aura lieu entre le 9 et le 19 décembre 2024. Elle va permettre l’arrestation de 95 individus, âgés de 18 à 74 ans, mais dont l’un des suspects n’a que 16 ans. Si l’opération est un véritable succès pour les enquêteurs, elle est aussi terrifiante par l’ampleur du nombre d’individus et la quantité invraisemblable de photos et vidéos pédopornographiques retrouvées durant les perquisitions. C’est en surveillant des membres de ce groupe sur la messagerie cryptée Signal que les gendarmes ont pu réussir une telle opération.
Plus de 200 téraoctets de contenu pédopornographique
Si ce chiffre ne parle pas à tous, cela représente 375.000 photos et 156.000 vidéos d’enfants exploités sexuellement. Par ailleurs, les enquêteurs ont saisi 152 téléphones, 122 ordinateurs et 330 supports numériques, comme des tablettes, le tout contenant 217 téraoctets de contenu pédopornographique. Le colonel Hervé Petry, de l’Unité nationale cyber (UNC), a indiqué que «les mis en cause demeurent principalement dans les régions Île-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes ou Grand Est. L’un d’entre eux exerçait la profession de directeur d’une association d’information aux jeunes, l’un était éducateur sportif, l’adjoint d’un maire est également impliqué». Dans son communiqué, la gendarmerie indique que «parmi les individus interpellés et placés en garde à vue, 36 étaient déjà connus pour des infractions sexuelles à l’égard de mineurs ou «consultation de sites mettant en scène des mineurs». C’est le téléphone de l’un d’entre eux, demeurant dans les Hauts-de-Seine et connu pour consultation habituelle d’images pédopornographiques, qui a permis de remonter à ses complices.
Plusieurs groupes de discussion sur la messagerie Signal
Le colonel Petry va expliquer, dans une information relayée par nos confrères du Parisien, que «ce qui se cache derrière ces forums, c’est toute cette galaxie de pédocriminels qui potentiellement peut être extrêmement dangereuse parce qu’elle peut être aussi prédatrice». Le militaire ajoutera que «la lutte contre la pédocriminalité, c’est un domaine sur lequel la gendarmerie, depuis des décennies, est très investie, très engagée. À la faveur de l’essor des réseaux sociaux, ça a pris une dimension vraiment extrêmement préoccupante puisque ça a explosé: avant les réseaux sociaux, il fallait plusieurs années à ces gens-là avant de pouvoir accéder à ce type d’images. Et encore plus pour aborder des enfants. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, il y a une “augmentation de l’offre” puisque les images et les vidéos peuvent s’échanger extrêmement facilement (…)». Les investigations ont été menées par les cyber-enquêteurs de la section de recherches de Versailles, avec le concours de l’Unité nationale cyber (UNC) de la gendarmerie.