De nouvelles aides aux entreprises françaises pour faire face à l’impact économique de la guerre en Ukraine. Le plan de résilience économique et sociale du gouvernement, qui devrait être annoncé « vers la mi-mars », comprendra des mesures de soutien temporaires et spécifiques. Le Premier ministre Jean Castex a lancé mardi une grande série de consultations avant la décision.
Après le Covid-19, voilà la guerre ! Alors que les retombées économiques du conflit entre la Russie et l’Ukraine ne manqueront pas de se faire sentir dans les semaines et les mois à venir, le gouvernement cherche des solutions pour soutenir les entreprises qui seront touchées. Mercredi, le président de la République a demandé au Premier ministre Jean Castex d’élaborer un « plan de relance économique et sociale » à destination des entreprises et des ménages pour faire face à cette nouvelle situation, notamment la flambée des prix de l’énergie et des matières premières.
Jean Castex consulte depuis lors. Dès la première semaine de mars, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a rencontré les organisations patronales après plusieurs réunions en début de semaine, notamment par Agnès Pannier-Runacher, chargée de l’industrie, avec quatre secteurs jugés les plus volatils : L’aviation, l’automobile ,l’ agriculture et la métallurgie. Ces premiers échanges ont permis d’établir une liste d’éventuels problèmes d’accès à certaines matières premières, de logistique ou de prix.
Bercy a mis en place des groupes de travail pour accompagner chaque filière dans la gestion spécifique de ses problématiques en tenant compte de l’approvisionnement. En conséquence, la Russie fournit 50 % du palladium mondial, largement utilisé dans l’industrie automobile, 50 % du titane (une nécessité pour l’aviation) et de l’aluminium ou du nickel raffiné pour les usines de batteries. Quant à l’agriculture, qui nécessite des engrais, la Russie représente à elle seule un quart du commerce mondial.
Pas de « quoiqu’il en coûte » pour l’instant
Mardi 8 mars, Jean Castex rencontrera les représentants du secteur de l’industrie (pétrole, gaz, électricité, énergie, agriculteurs, agro-alimentaire, aviation, pêche ou beauté) et plus tard dans la journée les partenaires sociaux et patronaux (Medef, CPME, U2P) ou les syndicats de salariés (CFDT, CGT, FO, CFTC et CFE-CGC).
Déjà, les demandes abondent. La Coordination rurale a appelé à la mise en place rapide d’un « fonds d’aide d’urgence ». L’industrie agroalimentaire appelle notamment les entreprises à étendre les prêts garantis par l’État (PGE) à « huit à dix ans ». Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d’agriculteurs (FNSEA), a notamment appelé à « des stocks stratégiques avec des prix lissés pour l’alimentation animale ».
Mais notez que si nous devons déminer immédiatement au ministère de l’Économie, cette fois, « quoi qu’il en coûte » n’entrera pas en jeu. « Des dizaines de milliers d’entreprises sont en difficulté « , a déclaré un porte-parole de Bercy, « et très peu d’entreprises commercent actuellement avec la Russie ». Place donc à « un soutien ciblé et à grande échelle aux secteurs qui en ont besoin ». Le porte-parole a poursuivi que l’idée était de « voir si nous pouvons les aider à trouver une nouvelle issue ». Autre thème d’actualité : « limiter l’impact de ce conflit sur la hausse des prix de l’énergie, notamment du gaz naturel« .
Les familles sont également concernées
Ces derniers jours, des conseillers ont également évoqué en privé la prolongation de certains prêts garantis par l’État, ou le possible renforcement des participations dans certaines entreprises. François Asselin, président de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises), a relevé qu' »une idée pour tenir les ficelles est de faciliter le prêt participatif, ce qui permettra de compléter les fonds propres, notamment pour les PME« . Pourtant, tout est sur la table », souligne l’entourage de Bruno Le Maire, qui précise que pour que la présentation du plan d’assouplissement ait lieu « au plus tard mi-mars ». En particulier, toute décision sur les PGE doit être approuvée par la Commission européenne.
Et pour les familles ? Jeudi 3 mars, le Premier ministre a rappelé que 15 milliards d’euros avaient été débloqués depuis l’automne ((indemnité inflation, chèque énergie notamment), tout en ajoutant : « Si on doit continuer, on continuera« . Acté jusqu’à fin juin 2022, le gel du prix du gaz devrait donc être prolongé jusqu’à fin 2022. Alors que les prix de l’essence dans certaines stations-service ont dépassé les 2 euros, des mesures pour faire face à l’épidémie devraient également aller de pair avec des plans de résilience.
« Qu’il s’agisse d’une extension du bouclier tarifaire ou d’un autre mécanisme, il est urgent d’endiguer la hausse du prix des carburants pour tous les salariés devant se rendre au travail, tout en faisant face à la hausse prévisible des tarifs alimentaires », a déclaré Yves Veyrier, secrétaire général de Force Ouvrière.