Attentat de Moscou: la Russie a oublié qu’elle était aussi la cible des terroristes islamistes

Toutefois, les équipes de recherche poursuivent leur travail dans les décombres du bâtiment. Le Kremlin a annoncé l’arrestation de 11 personnes, dont quatre impliquées directement dans l’attentat. Pour Moscou, il s’agit de «citoyens étrangers» qui circulaient à bord d’un véhicule dans la région de Briansk et qui semblaient en route pour la Biélorussie. Une source russe précisera que certains seraient originaires du Tadjikistan, pays d’Asie centrale à majorité musulmane. L’attaque a immédiatement été revendiquée par l’organisation terroriste État islamique.

Une terrible défaite pour Moscou

Si les images fournies par différents témoins montrent le calme et le professionnalisme des terroristes, elles témoignent aussi de l’implacable folie meurtrière des hommes de l’État islamique. Alors que le Kremlin désigne en permanence l’Occident comme son ennemi, il semble sous-estimer en permanence ce que sont devenus ses anciens territoires devenus des États indépendants et, souvent, livrés à l’islam radical. On pense alors à l’Afghanistan, la Tchétchénie, l’Ouzbékistan ou encore le Tadjikistan. Pour Grigorij Serscikov, expert indépendant russe, «c’est du copier-coller de leurs précédentes actions dans le monde, notamment au Kenya et en Inde. C’est sans doute organisé par la branche afghane, la plus forte aujourd’hui de l’organisation islamiste».

L’Ukraine mise en cause par Poutine, la version officielle écartée par les experts russes

Si pour le président russe, l’attaque a été facilitée par le concours des services ukrainiens, les experts russes s’accordent à dire que ce n’est qu’un moyen de se voiler la face. La Russie a toujours pensé tenir les États musulmans qui l’entourent par une fidélisation du vote et un autoritarisme exacerbé comme en Tchétchénie. Toutefois, c’est faire fi de la situation économique très précaire dans laquelle vivent les habitants de ces régions. Cette grande pauvreté laisse les discours des islamistes convaincre ces derniers de rejoindre leurs rangs. Mais, c’est aussi le cas pour ceux qui sont russes et habitent les grandes villes. Ici, l’un des suspects était un ancien employé d’un coiffeur à Ivanovo, une ville au nord-est de Moscou. Un autre, père d’un enfant de huit mois, travaillait dans une fabrique de parquet à Podolsk, dans la région de Moscou.