Le Brésil, pourtant loin de l’Europe tant par sa culture que par son histoire, est pourtant si proche politiquement. En effet, ce qui est le plus flagrant dans cette élection est l’immense polarité de la scène politique. Il n’y a pas de demi-mesure, ce sont les extrêmes qui s’affrontent. Les partis classiques ont disparus. Les deux candidats vont avoir quatre semaines pour persuader les électeurs brésiliens de voter pour eux.
Une surprise pour les deux camps
Même si Bolsonaro affichait un grand sourire, il lisait les sondages chaque jour et celui de la veille de l’élection ne lui laissait aucune chance d’espérer être reconduit dans ses fonctions. En effet, samedi soir, l’institut de référence Datafolha donnait un avantage de 14 points à l’icône de l’extrême-gauche. Dès les résultats dimanche soir, le candidat de la droite déclarera «nous avons vaincu les mensonges » des sondages, et il s’est dit optimiste à l’idée de «jouer la deuxième mi-temps» de la présidentielle. Il sait que ces quatre semaines vont être décisives pour lui.
Pour Paulo Calmon, politologue de l’université de Brasilia, «c’est une surprise, Bolsonaro a obtenu plus de votes que ce que l’on attendait, notamment à Sao Paulo et Rio de Janeiro, les deux États les plus importants du pays».«Au second tour, la course présidentielle reste ouverte et promet d’être très disputée. Bolsonaro a encore toutes ses chances d’être réélu », dit-il à l’AFP. De son côté, Lula a déclaré que «la lutte continue, jusqu’à la victoire finale». Il a admis qu’il espérait l’emporter dès le premier tour mais semblait abattu après l’annonce du résultat.
Des élections dans l’élection
Comme dans d’autres pays, l’élection présidentielle donne lieu à d’autres élections en même temps. Ainsi, les élections générales, législatives et locales, organisées au Brésil dimanche ont aussi été un succès pour les partisans du président sortant d’extrême droite. De nombreux candidats bolsonaristes, dont d’ex-ministres du gouvernement, ont été élus au Congrès. On remarquera aussi que Claudio Castro, allié du chef de l’État à Rio de Janeiro, a été réélu gouverneur dès le premier tour. Il est à noter que Lula a du mal à se débarrasser de l’image de corruption qui lui colle à la peau depuis l’énorme scandale «Lavage express», qui lui a valu 18 mois de prison avant que ses condamnations ne soient annulées ou prescrites.
Les élections ont aussi été marquées par une grande mobilisation et un grand calme tout au long de la journée de dimanche alors que beaucoup redoutaient des heurts venant des supporters des deux candidats. Le président du Tribunal supérieur électoral, après l’annonce du résultat, a déclaré que «la société brésilienne a fait preuve d’une grande maturité démocratique». Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a félicité «le peuple brésilien et les institutions du pays pour le succès du premier tour de l’élection». Il s’est dit «confiant que le second tour aura lieu dans le même esprit pacifique».