Un changement rapide
En 2010, ils entraient au Parlement où ils ne représentaient que 5,7% des voix. Douze ans après, les Démocrates de Suède voient le scrutin de 2022 les placer, en attendant les résultats définitifs mercredi, à plus de 20 % des suffrages, première force du bloc de droite, devant le Parti modéré de rassemblement. Une élection qui achève de fracturer l’image d’une Suède sociale-démocrate, non-alignée, égalitaire, attachée à son État providence. Il s’agit d’une banalisation du populisme en Scandinavie.
Dimanche dernier, les électeurs ont conforté l’avance du parti d’Akesson. Cette légitimité politique nouvelle s’explique par de nombreux facteurs: le débat politique a changé pour se focaliser sur des questions plus sociales qu’économiques, un contexte local compliqué par la violence des gangs et la crise des prix de l’électricité, une campagne efficace et l’alliance avec un bloc conservateur prêt à tout pour retrouver le pouvoir. Car, fait nouveau, la droite est prête à s’allier avec les Démocrates de Suède pour avoir la majorité au Parlement.
Comme en France, un parti qui change de visage et sa communication
Si le parti a pris ses distances avec son ancien allié, le parti néonazi Bevara Sverige Svensk (Gardons la Suède suédoise), c’est pour séduire un électorat moins radical mais prêt à aller vers des partis moins traditionnels. Ainsi, leur alliance avec les conservateurs a fini de leur donner la légitimité qu’ils cherchaient pour s’inscrire en force dans de grandes élections. Selon, Jens Rydgren, sociologue et spécialiste de l’extrême droite, il n’est «pas sûr qu’ils veuillent être au gouvernement. Ils peuvent s’y brûler… et perdre des électeurs, comme c’est arrivé au Danemark. C’est plus facile d’être un parti populiste de l’extérieur». Pourtant Akesonn aimerait être le prochain ministre de la Justice.
Karin Thalberg de l’institut Jacques-Delors précise que «quand les Démocrates de Suède sont entrés au parlement en 2010, il y avait un strict cordon sanitaire des autres partis. Mais cela a changé. Les partis de droite ont commencé: ils ne veulent pas former un gouvernement avec eux, mais avec leur soutien». Il faut noter que les questions sociales ont pris le dessus sur les questions économiques: la sécurité, la famille, l’ordre, l’immigration. Akesson a beaucoup joué sur l’ancrage local, en particulier dans le Sud, d’où il vient. Lui qui a un jour professé que les musulmans «étaient le plus grand danger extérieur depuis la Seconde Guerre mondiale» et a, un temps, milité pour la sortie de la Suède de l’Union européenne, a mené une incroyable campagne sur les réseaux sociaux.