Rencontre d’Emmanuel Macron et Vladimir Poutine.Si l’objectif principal de la réunion avec Vladimir Poutine avait pour but d’apaiser les tensions et de désamorcer la crise autour de l’Ukraine, le président français prend également un risque dans les semaines précédant l’élection présidentielle.
L’entourage d’Emmanuel Macron le martèle depuis des jours : l’objectif, c’est la « désescalade ». Emmanuel Macron a rencontré Vladimir Poutine en tête-à-tête cette fois au Kremlin après trois appels téléphoniques. Un intense ballet diplomatique a débuté lundi pour tenter de désamorcer la crise ukrainienne. Les Occidentaux accusent Moscou de rassembler des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne pour une invasion potentielle, ce que la Russie nie, arguant que c’était simplement pour assurer sa sécurité. Alors que l’Allemagne va envoyer 350 soldats supplémentaires en Lituanie dans le cadre d’une opération de l’Otan.
Le président Emmanuel Macron assure la présidence de l’Union Européenne et devait s’entretenir avec Vladimir Poutine à Moscou. Une rencontre avec le président russe qui est susceptible de se poursuivre une partie de la soirée. Les deux hommes politiques se retrouvent dans un tout autre environnement, au plus fort d’une crise majeure, avec la menace d’un conflit militaire à la frontière ukrainienne.
Pourquoi cette rencontre ?
Selon l’Elysée, Vladimir Poutine a dit à Emmanuel Macron au téléphone la semaine dernière qu’il souhaitait le rencontrer et travailler avec lui pour « faire la vérité sur l’affaire ». L’essentiel pour le Kremlin est de réviser les structures de sécurité et d’alliance militaire de l’Europe. Emmanuel Macron s’est dit prêt à discuter de la question, mais il est clair que la France ne peut rien faire seule à cet égard. Et le président français vise avant tout à obtenir des signes de « bonne volonté » qui pourraient permettre de parler de désescalade des tensions, alors que 100 000 soldats russes multiplient les exercices à la frontière ukrainienne. Pour Vladimir Poutine, la configuration actuelle est déjà un succès diplomatique : il a réussi à obliger les Occidentaux à prendre en compte ses exigences sécuritaires. La question est de savoir si cela suffira à le faire reculer.
Le chef de l’Etat lui-même estime que cela n’a rien à voir avec l’offensive russe en Géorgie en 2008 ou la prise de la Crimée en 2014. « Notre rôle est préventif, nous devons désamorcer les tensions pour éviter un conflit armé », a-t-il déclaré : « On peut plus se parler sur un tête-à-tête que via une vidéo ».
Où en est la relation entre les deux hommes ?
Jusqu’à récemment, la relation entre les deux était tendue. On ne les a pas revus depuis qu’Emmanuel Macron a invité Vladimir Poutine au Fort de Brégançon durant l’été 2019, pour des raisons officielles COVID-19. Mais aussi parce que les Russes n’étaient pas intéressés. La partie française en a peut-être plus, mais elle est également gênée par certains pays européens qui ne veulent pas engager de dialogue bilatéral avec la Russie. En fait, la crise a ouvert un espace de discussion. Emmanuel Macron s’est aussi positionné en multipliant le nombre d’appels avant le déplacement d’aujourd’hui du représentant.
Il a suivi la logique de « coordination » à la suite d’un appel spécial dans l’après-midi avec le président américain Joe Biden sur les trois dirigeants des États baltes dimanche soir 6 février, a indiqué l’Elysée.
Reste que l’exercice est une épée à double tranchant pour le chef de l’Etat. Si la situation se calme, il améliorera son standing international, si elle se détériore, cela donnera l’impression de boxer dans le vide. Certains estimeront que le premier tour de l’élection présidentielle est encore menacé. Selon un conseiller du gouvernement : « On dit toujours que l’internationale ne gagne pas une élection, mais elle peut faire perdre des points. »
Après Moscou, le président français devrait rencontrer mardi à Kiev le président ukrainien Volodymyr Zelensky.