Ni Paris ni Rabat n’ont reconnu l’erreur déontologique
Il s’agissait d’une affaire sensible qui avait débuté en 2015. Ayant rédigé un livre sur le fonctionnement des institutions marocaines et, notamment, sur l’entourage du roi Mohammed VI, ils auraient tenté de faire chanter ce dernier en négociant une importante somme d’argent contre la non-parution de leur enquête. En 2012, les deux auteurs avaient déjà écrit un premier ouvrage sur Mohammed VI intitulé « Le Roi prédateur ». Éric Laurent et Catherine Graciet avaient signé un contrat pour un second tome sur le même sujet. À l’été 2015, l’ancien reporter de Radio France et du Figaro Magazine, habitué des plateaux télé et auteur de nombreux ouvrages, avait contacté le secrétariat particulier du roi. Il avait pu rencontré ainsi, dans un palace parisien, l’avocat Hicham Naciri, émissaire du royaume chérifien.
Toutefois, les deux journalistes ont sous-estimé la méfiance de Me Naciri qui avait enregistré les trois rendez-vous. Et c’est en conséquence que le tribunal a retenu une «démarche commune» afin d’exercer une «pression» sur l’avocat marocain, en décrivant un livre «dévastateur» pour le royaume. On peut lire dans le jugement que «le prix du silence» a bien été demandé par les journalistes et non par le royaume. Me Ralph Boussier, l’un des avocats du royaume du Maroc, indiquera que «huit ans après les faits, le royaume du Maroc a gain de cause et la vérité de cette affaire éclate: une tentative de chantage et de manipulation». Il ajoutera: «Nous nous félicitons de cette décision qui apporte des éléments tangibles à l’animosité continue de certaines personnes envers le royaume du Maroc».
Pour les journalistes, il s’agit d’une manipulation des officiels marocains
L’avocat d’Éric Laurent, Me Serge Portelli, a confié «espérer» que les juges de la cour d’appel «essaieront de réfléchir réellement à cette manipulation qui était évidente et dont [leurs] clients sont victimes». Il assénera que «la vérité éclatera plus tard». Pour le juriste, il n’y a pas de doutes sur la réalité des preuves dénonçant des enregistrements «trafiqués». Il ajoutera que «les démonstrations de la fabrication de la preuve ont été faites tout au long des débats».