
Sébastien Delogu, député LFI des Bouches-du-Rhône ©Alamy
Le député marseillais de La France insoumise, Sébastien Delogu, doit a été entendu vendredi 16 mai par la police dans le cadre d’une enquête ouverte pour vol, recel de vol et atteinte à la vie privée. Jeudi, son domicile et sa permanence parlementaire ont été perquisitionnés par la brigade financière à Marseille, sur instruction du parquet. L’enquête fait suite à la diffusion en ligne de documents privés concernant un ancien dirigeant de société, également ex-président du Crif local.
Une enquête ouverte dès octobre 2024
Ces perquisitions s’inscrivent dans une enquête préliminaire ouverte en octobre 2024, a confirmé le parquet de Marseille. Les chefs d’accusation portent notamment sur le recel de documents et la mise en danger par diffusion d’informations personnelles. Le député a confirmé son audition en déclarant: «Je serai là. Je m’exprimerai». L’information avait été révélée par La Provence, puis confirmée par Marsactu, qui a précisé que les policiers recherchaient des documents obtenus lors d’un conflit social dans une entreprise de nettoyage.
Le Figaro indique que le député aurait alerté la justice, le 6 septembre 2024, via un signalement fondé sur l’article 40 du code de procédure pénale. Il y dénonçait de possibles abus de biens sociaux dans la société Laser Propreté, alors sous contrat avec la SNCF pour le nettoyage de la gare Saint-Charles et du métro marseillais. Ce signalement aurait motivé la résiliation du contrat par la SNCF, à la suite d’irrégularités concernant l’affectation des agents sur plusieurs marchés en même temps.
Des documents volés dans les locaux de l’entreprise de nettoyage
L’enquête a pris une autre tournure après le dépôt d’une plainte par Isidore Aragones, ancien dirigeant de Laser Propreté et ex-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) à Marseille. Celui-ci reproche à Sébastien Delogu et à Manuel Bompard, également député LFI, d’avoir diffusé sur les réseaux sociaux des documents personnels : investissements immobiliers, projets de voyage, et soutien affiché à l’armée israélienne. Selon la plainte déposée le 1er octobre 2024, ces documents auraient été volés dans les locaux de Laser Propreté lors d’un mouvement social ayant conduit au saccage de son bureau.
Dans une publication Instagram du 24 septembre 2024, Sébastien Delogu évoquait publiquement des documents en lien avec «un soi-disant patron du Crif». Il y faisait également référence à une altercation filmée avec la fille d’Isidore Aragones, qui l’interpellait en se revendiquant «sioniste». Elle accusait les deux députés d’antisémitisme. Pour Isidore Aragones, cette exposition médiatique constitue une menace grave. «C’est ma vie qu’il a exposée, dans un contexte extrêmement tendu, et il m’a mis en danger», a-t-il déclaré. De son côté, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé sur X «le monde à l’envers». Il estime que «celui qui dénonce des malversations est perquisitionné». Manuel Bompard a, lui aussi, fustigé une «perquisition scandaleuse» et «abusive».