Compte tenu de l’été que le monde connaît cette année, il n’est pas impossible de penser que des modifications sur les conditions de travail vont être à l’étude afin d’être votées avant les prochaines grandes chaleurs.
Dans son rapport national au 19 juillet 2022, Santé Publique France a déclaré avoir identifié au moins deux accidents mortels liés à la canicule pour le mois de juillet. En comparaison, sur l’année 2020, ce sont douze personne qui auraient trouvé la mort durant un épisode de température extrême. Météo France précise que «les vagues de chaleur ont été multipliées par trois ces trente-cinq dernières années par rapport aux trente-cinq précédentes».
Vers un accord Syndicats/Patronat sans conflit
Les différents syndicats européens demandent que soient mis en place des températures maximales au travail. Il s’agit donc bien d’une proposition qui va ouvrir une nouvelle ligne de discussions entre syndicats et dirigeants qui consistera bien à adapter le droit du travail au changement climatique. Pour Sophie Uettwiller, spécialiste en droit du travail: «L’employeur doit de plus en plus assurer la santé et la sécurité de ses employés. Forcément, le changement climatique va changer la donne.». Il s’agit maintenant qu’un cadre légal soit défini clairement.
En effet, la problématique aujourd’hui est la condition du droit de retrait exercé par le salarié. Maître Uettwiller explique qu’il «faut savoir quand prendre des mesures pour l’employé. Aujourd’hui, c’est un peu flou. Un salarié peut exercer son droit de retrait lorsqu’il juge les conditions de travail dangereuses, mais l’on n’a pas davantage de précision.Pour l’employeur, l’instauration de températures seuils amènerait de la sécurité, c’est donc dans son intérêt.». Il est question donc pour la juriste de donner à l’employeur des outils juridiques plus clairs auxquels il pourra s’adapter et, si conflit il y a, il aura un cadre légal pour le défendre ou le mettre en cause.
Une adaptation qui s’annonce difficile à mettre en place
Il apparaît complexe de mettre une température unique au-dessus de laquelle on ne pourrait plus travailler. En effet, si l’on prend l’exemple d’un ouvrier du bâtiment qui travaille sur le toit d’un gratte-ciel et un jardinier, travaillant aussi en extérieur, mais à l’ombre, le ressenti des 30° ne sera pas du tout le même. Que dire alors des femmes enceintes, des personnes handicapés, du salarié à la santé fragile, etc.? Des pistes comme le télétravail ou les horaires adaptés ont des avantages comme beaucoup d’inconvénients.
Les discussions commencent à peine. Mais on comprend, d’ores et déjà, toute la complexité que le changement climatique va peser dans les négociations entre patrons et salariés, de l’échelle de l’entreprise à celle de l’Europe voire du monde.