Corse : Darmanin en visite dans des circonstances tendues. Mercredi et jeudi, le ministre de l’Intérieur sera en visite sur une île en proie à la violence. Il est attendu par les élus nationalistes qui veulent une « vraie solution politique » sur l’avenir de l’île.
Après le départ de Jacqueline Gourault du gouvernement, c’est Gérald Darmanin qui va devoir gérer le dossier Corse. Lors de son déplacement de deux jours dans l’île sous tensions ce mercredi et jeudi, ses problèmes seront doubles : D’abord, mettre fin aux violences qui ont éclaté sur l’île depuis qu’Yvan Colonna a été violemment agressé le 2 mars à la prison d’Arles (Bouches -du-Rhône). Le militant nationaliste purgeait une peine d’emprisonnement à perpétuité pour son rôle dans l’assassinat en 1998 du gouverneur Erignac à Ajaccio.
« Nous sommes prêts à aller vers l’autonomie »
Et répondre aux tensions entre l’État et les nationalistes frustrés que leur victoire dans les urnes n’aient pas donné suite à leurs revendications pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron.
Gérald Darmanin avait déjà commencé à défricher le terrain avant son arrivée. Si Jean Castex avait déjà tenté d’apaiser la situation la semaine dernière en libérant Yvan Colonna et deux autres membres du « Commando Erignac », alors cela n’avait pas eu l’effet escompté. Là, le ministre de l’Intérieur a promis le début d’un « cycle de discussions sans précédent » avec des élus, dont le président autonomiste du Conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni. Mais surtout, il a franchi le pas dans le quotidien régional Corse Matin. Une étape conséquente : « Nous sommes prêts à aller vers l’autonomie. Ici, le mot est dit« , a-t-il expliqué.
Trouver une « véritable solution politique«
Mais Simeoni a averti qu’une condition nécessaire pour participer aux discussions était le retour au calme sur l’île. « Il ne peut y avoir de dialogue dans la violence« , a-t-il ajouté. L’attaque d’Yvan Colonna a déclenché plusieurs manifestations violentes, dont une à Bastia dimanche, qui a fait 102 blessés, dont 77, selon le parquet. Gérald Darmanin a qualifié l’attaque d' »acte de terreur manifeste« .
Après avoir rendu visite aux élus d’Ajaccio, ce mercredi, Gérald Darmanin se rendra jeudi à la gendarmerie de Porto-Vecchio, prise pour cible par des manifestants vendredi dernier. Entre-temps, lundi, selon cette source, une soixantaine de policiers du « CRS 8 », une unité spéciale de maintien de l’ordre capable d’action rapide, sont arrivés sur l’île de Beauté en renfort.
Gilles Simeoni, président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, a dit espérer trouver une « vraie solution politique ». La présidente du parlement corse, Marie-Antoinette Maupertuis, a fait écho au ton, affirmant que la visite était un « bon début » mais attendant « des signes forts pour y croire« .
Rappelons que, d’abord repoussées à l’été 2018 en raison de l’affaire Benalla, les réformes institutionnelles créées en 2015 pour accorder le statut particulier de la communauté corse ont été à nouveau proposées un an plus tard par le gouvernement sous une nouvelle mouture, mais sans jamais être examinée depuis..