Corse : Les candidats à la présidentielle s’emparent de la question. La plupart des candidats à la présidentielle se sont positionnés sur l’autonomie de la Corse, le ministre de l’Intérieur disant envisager un changement de statut alors que la violence agite l’île depuis l’agression d’Yvan Colonna.
« C’est une question qui va agiter le landerneau politique. » Fabien Roussel le sait, et le sujet est incendiaire et propice à des débats houleux. Alors qu’il s’exprimait sur l’autonomie de la Corse ce mercredi matin, après des semaines de violences sur l’île, Gérald Darmanin avait évoqué une possibilité la veille au soir, Marina Le Pen, Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Valérie Pécresse ont également dévoilé leurs positions sur le sujet. Créant ainsi une première incursion de la politique intérieure dans un débat présidentiel absorbé par la guerre en Ukraine.
Des avis divergeants
Pour Fabien Roussel, il était impossible d’envisager l’autonomie, une revendication qui reste historique pour l’île, portée par des élus majoritairement nationalistes. « Ça ne va pas remplir le frigo des Corses. Je suis contre... », a-t-il déclaré sur RMC. Marine Le Pen a également refusé : « La Corse doit rester française« , a tweeté la candidate au Rassemblement national. Et critiqué : « Passer de l’assassinat d’un préfet à la promesse d’autonomie, peut-il exister un message plus catastrophique ? »
La violente agression du 2 mars contre Yvan Colonna à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône) où il était incarcéré pour avoir jouer un rôle dans l’assassinat en 1998 du gouverneur Erignac à Ajaccio avait été condamné à la réclusion à perpétuité, ce qui a ravivé les tensions entre l’État et le gouvernement. Les nationalistes étaient frustrés que leur victoire dans les sondages n’ait pas donné de succès à leurs revendications sur le quinquennat. Des affrontements avec les forces de l’ordre ont alors éclaté. A Bastia, les CRS épuisés ont affronté des adversaires peu nombreux mais déterminés. Le ministre de l’Intérieur était sur les lieux jusqu’à jeudi.
Gérald Darmanin, qui a été envoyé comme pompier de service sur l’île où les divisions entre indépendantistes et autonomistes ont refait surface au lendemain de la crise, s’est engagé à « commencer un cycle de discussions sans précédent » et a assimilé l’agression d' »Yvan Colonna » à « un acte de terreur ». « Nous sommes prêts pour l’autonomie. Voilà, le mot est dit « , a-t-il annoncé mardi soir à Corse Matin. Et a averti : « Il ne peut y avoir de dialogue dans la violence. Un retour au calme est une condition nécessaire. »
L’autonomie, une demande répétée
Eric Zemmour, lui, a qualifié les récents événements à « des manœuvres politiciennes« . Selon Valérie Pécresse, le gouvernement et les propos du président » aux abois, qui cède à la violence, comme il l’a fait à Notre-Dame-des-Landes« . « Emmanuel Macron a payé cash son mépris pour ces territoires. Il faut mettre de l’ordre en Corse avant de pouvoir entamer des négociations (…) C’est donnant donnant« , a assuré mardi matin la candidate des Républicains. Sans s’opposer à l’autonomie : « Bien sûr que oui, mais avec des indicateurs de performance, des résultats corses« . Elle a averti qu’un changement de statut ne peut pas « conduire au démantèlement de la République« .
Partisan d’une autonomie « de plein droit, de plein exercice en Corse », Yannick Jadot dénonce le timing : « Ce qui est terrible, comme d’habitude, dans ce quinquennat, il faut un drame pour commencer à entrevoir une solution », dénonce l’écologiste, ce Mercredi. « Il faut négocier la loi d’autonomie (…) C’est une position entérinée par l’Assemblée des régions de France « , a-t-il insisté.
Comme sa rivale EELV, la candidate PS Anne Hidalgo estime qu’il serait judicieux de donner l’autonomie à la Corse. « Cette question n’est pas nouvelle (…) Je pense qu’il faut donner aux régions des pouvoirs législatifs et réglementaires pour doter des collectivités comme la Corse d’un statut particulier« , a-t-elle déclaré sur Europe 1. Reste à définir ce que chaque partie entend par « autonomie ».