Celui qui a été le plus jeune ministre de la Vème république vient d’être élu à la tête des députés macronistes et il se pourrait qu’il se voit chef de file de Renaissance pour 2027.
Les rumeurs vont bon train
Le dimanche 14 juillet, à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes, le Conseil économique, social et environnemental a été le théâtre d’une réunion entre Gabriel Attal, premier ministre démissionnaire et Stéphane Séjourné, ministre démissionnaire des Affaires étrangères. Cette rencontre, dont le sujet est tenu secret, fait couler beaucoup d’encre. Qu’ont pu se dire les deux ministres démissionnaires ?
On peut imaginer que les deux hommes ont évoqué le congrès du parti présidentiel qui doit se tenir à l’automne. En effet, Gabriel Attal pourrait bien vouloir briguer le poste de chef de parti de la macronie tandis que Stéphane Séjourné doit savoir que son poste de secrétaire général de Renaissance est menacé, même si ce dernier y avait été placé par le président lui-même lors de sa réélection en 2022 pour garder la main sur les actions et les affaires du parti. Cela permettait aussi à Emmanuel Macron de tempérer les ambitieux trop audacieux.
Une dissolution, un chamboule-tout
Depuis l’annonce de la dissolution par le président de la République, le parti de Macron connait une petite révolution. Cette décision de dissolution a fait perdre à Emmanuel Macron une partie de ses troupes, et Stéphane Séjourné se retrouve dès lors sur la sellette.
Il est vrai que le président clamait depuis 2022 pouvoir dégainer la carte « dissolution » à tout moment ; pourtant, comme le relève un ministre agacé, « Le parti est jugé coupable de n’avoir pas accompagné la dissolution. On est le camp qui appuie sur le bouton, mais le dernier à attribuer les investitures ! ». En effet, le parti n’aurait pas assez aidé les candidats Renaissance. De la même manière, le parti accuse Stéphane Séjourné d’avoir trouvé une « énorme planque » pour s’assurer de son élection aux législatives. Celui qui fut eurodéputé est élu dans les Hauts-de-Seine, l’un des fiefs restants de la macronie.
Vers une «Attalmania» ?
Apparemment, plusieurs candidats macronistes, élus ou battus aux législatives, ont croisé Stéphane Séjourné en pleurs lors d’un diner à Matignon le 9 juillet. Le vent tourne pour le chef de file de la macronie.
De son côté, Gabriel Attal a le vent en poupe ; si bien que Gerald Darmanin a renoncé à se présenter à la présidence du groupe à l’Assemblée nationale. Un député qualifie cette réputation grandissante d’ « Attalmania ». Un ministre ajoute : « Aux yeux de l’opinion, Attal a fait le job. Il a subi la dissolution et il a fait ce qu’il a pu. »
Jusqu’où veut aller Gabriel Attal ?
Tandis qu’il est désormais premier ministre démissionnaire, il semble qu’il soit trop tôt pour que Gabriel Attal annonce clairement ses intentions. Renaud Muselier, président de la région Sud-Paca commente « Le groupe à l’Assemblée nationale, c’est une chose, le parti, ça en est une autre. Ce sont des jambes différentes qu’il ne faut pas confondre ».
De plus, Gabriel Attal doit bien se préparer avant de révéler publiquement ses ambitions : dès qu’elles seront actées, il devra endosser un nouveau rôle qui le propulserait sur le devant de la scène pour 2027. Au passage, cela lui octroierait la gérance de la cagnotte de Renaissance, qui a reçu un nombre record de subventions publiques en 2017 et 2022. D’ailleurs, Stéphane Séjourné qualifiait ainsi le montant de ce pactole « On peut financer trois campagnes présidentielles » en mai dernier.
Comment Emmanuel Macron voit les choses ?
Il semble que le congrès de l’automne du parti présidentiel soit un test pour Emmanuel Macron. Est-il toujours considéré comme chef de file ou doit-il céder sa place ? S’il ne s’est pas exprimé clairement à ce sujet, son entourage évoque : « Il faudrait quelqu’un qui rassemble toutes les sensibilités pour être en capacité de préparer au mieux l’avenir », finissant avec une pique contre Gabriel Attal « Il est déjà président d’un groupe à l’Assemblée, non ? ».
Affaire à suivre…