Une intervention télévisée très remarquée
C’est sur le plateau de l’émission «Quotidien» sur TMC que Pierre Rosanvallon s’est exprimé sur le sujet. Une interview qui devait ressembler à n’importe quelle autre sauf que personne ne s’attendait à un tel discours venant d’un grand historien et sociologue comme l’invité de Yann Barthès. Ainsi, Il était invité à analyser la période actuelle que traverse la France sur fond de crise de la réforme des retraites et à réagir à l’intervention du chef de l’État dont la popularité est au plus bas. Il s’est alors livré à une analyse claire et sans concession de l’exercice du pouvoir par Emmanuel Macron.
Ceux qui connaissent déjà Pierre Rosanvallon savent que c’est une personne discrète et mesurée dans ses propos. Pourtant, c’est ce qui a étonné dans son interview: il n’a pas caché sa colère, son agacement et sa déception envers le président de la République. Se montrant inquiet pour les institutions de son pays, l’historien expliquera que Macron «ne voit pas la crise démocratique, pour lui il n’y en a pas». Il déplorera que le chef de l’État ait perdu de vue «l’esprit des lois» capital pour garder «l’esprit de la démocratie, allant jusqu’à dire que cet «esprit est bafoué».
Il a ajouté, d’un ton grave qu’on ne lui connaît pas forcément, que «nous sommes en train de traverser, depuis la fin du conflit algérien, la crise démocratique la plus grave que la France ait connue». Puis, «Ce que nous vivons là, c’est la répétition des gilets jaunes, mais en beaucoup plus grave. Aujourd’hui, il y a ce même sentiment de ne pas être écouté», a-t-il expliqué.
Macron n’a pas d’expérience politique
Selon Pierre Rosanvallon, l’attitude du président de la République peut s’expliquer en comprenant qu’il n’arrive pas à «régler cette crise en trouvant des points d’arrêt». Il estimera que «tout simplement peut-être il n’avait sans doute pas assez d’expérience politique». Il prendra l’exemple des parcours de Jacques Chirac, Raymond Barre, François Mitterrand, des «personnes qui ont une vile politique, une vie sociale, qui ont été sur les marchés, tenus des permanences, lui, il est passé en quelque mois de l’ombre à l’Élysée». Il conclura en disant: «Il lui a manqué la connaissance et l’expérience qui enseignent une chose importante, la modestie. Et lui, il n’en a pas».