Législatives : La fin du PS avec un accord avec LFI. » le PS cherche une alliance avec LFI pour disputer les élections législatives du 12 au 19 juin car « c’est la seule manière d’espérer compter sur la représentation », selon Benjamin Morel, professeur à l’université Paris 2 Panthéon-Assas.
Il y a à peine plus de cinq ans, le PS était à l’Élysée, s’installait à Matignon et gouvernait à l’Assemblée nationale. Jadis, les partis de Léon Bloom, Jean Jaurès et François Mitterrand ont obtenu des résultats incroyables : devancés par le Parti communiste (2,3 %) au premier tour de l’élection présidentielle avec un score lamentable de 1,75 %), les écologistes (4,6 %) et surtout le désormais tout-puissant Jean-Luc Mélenchon, chef des Insoumis.
Ironie du sort, c’est l’ancien ministre socialiste de Lionel Jospin qui a fait tomber le PS en étant le visage de toutes les colères, et le 10 avril, avec 22% des suffrages, il a incontestablement pris le leadership à gauche. Ce dimanche, le tribun Insoumis a réussi à transformer le traditionnel défilé syndical du 1er mai en meeting politique de « troisième tour » en vue d’être « élu Premier ministre » en juin prochain et s’est même offert un moment peut-être historique, une poignée de main avec Premier secrétaire du PS Olivier Faure…
« Un vrai cauchemar »
Aujourd’hui le PS doit se rendre à Canossa pour négocier avec La France Insoumise, espérant gagner un groupe à la future Assemblée nationale. Alors que les éco-verts européens et LFI sont parvenus à un accord sur une « nouvelle coalition populaire écologique et sociale » aux législatives ce dimanche soir vers minuit, les discussions avec le PS ont repris après avoir été suspendues par les socialistes vendredi. C’est déchiré entre les l’opposition et les pro-Mélenchon, qui n’hésitent pas à s’en tenir à certains de leurs principes, comme l’engagement européen.
« Nous ne sommes pas des Frexiteurs« … mais aucun désaccord ne semble « insurmontable« , a insisté Olivier Faure, partisan de l’Union. Un message loin d’être cohérent. « La fête est finie, pointe Stéphane Le Foll, le maire du Mans. Il veut brader son histoire pour vingt députés !«
Le PS de l’ancien président François Hollande est appelé à « disparaître« , tandis que son ancien n°1, Jean-Christophe Cambadelis, l’a appelé à « se dissoudre« . « C’est la panique et le sauve qui peut« , a soupiré un sénateur socialiste qui a avoué avoir vécu « un vrai cauchemar » pour la première fois de sa longue carrière.
« Abandon total »
Mais à qui la faute ? Pour Anne Hidalgo, battue dans la course ouverte à la présidence, candidate appelée à la rescousse par un parti socialiste à la dérive sans boussole ni capitaine ? Au « libéralisme social » de François Hollande, selon le professeur de la faculté des sciences de Lille, « Faut-il désespérer de la gauche ? » » Publié en début d’année (Textuel, 160 p. 15,90 euros), « La gauche atomisée, n’a pas produit les résultats économiques escomptés et aggravé les inégalités sociales » ?
Aux yeux de ses détracteurs, la responsabilité du naufrage incomberait plutôt à Olivier Faure lui-même, porte-drapeau de la réconciliation avec les écologistes et désormais avec l’Insoumis. «Une totale reddition», défend son adversaire.
Ce déclin est-il dû au manque d’emplois dans l’appareil du parti, dans la lutte écologique défendue par les Verts et par le plan de rupture de LFI ? Les machines en déclin sont-elles embourbées sous la pression à contre-courant, certaines issues du centre-gauche, d’autres plus radicales, puis fragilisées par l’unité de la figure emblématique d’Emmanuel Macron ?
Renaitre de ses cendres...
« La gauche du gouvernement s’est affaiblie, mais n’est pas partie, enflamme Patrick Canner, président du groupe socialiste au Sénat. La droite d’Emmanuel Macron a laissé une place à la gauche, aujourd’hui dirigée par Jean-Luc Mélenchon, qui l’occupe. Mais il ne faut pas oublié que ce dernier bénéficiait d’un vote bénéfique de tous les électeurs de gauche, y compris les socialistes. »
Cependant, l’avenir du PS reste à imaginer. « Il peut chercher à s’unir avec ses alliés de la gauche radicale, ses voisins communistes ou écologistes. Ou il peut continuer tout seul« , nous révélait Lionel Jospin au lendemain du second tour. Pour l’ancien Premier ministre, le choix est clair, « Renaissance ou disparition« . L’Assemblée générale qui se tiendra en fin d’année pourrait être la première étape de clarification…