Législatives : Le PS au bord de l’explosion après le deal avec La France insoumise. Suite à de longues négociations, les Insoumis et les Socialistes sont finalement parvenus mercredi à un accord pour les élections législatives. Néanmoins, ce dernier doit encore être approuvé par le Conseil national du PS. Cet accord a suscité des départs et des révoltes de cadres historiques, tandis que d’autres ont plaidé pour le «rassemblement».
Après des jours de négociations, La France insoumise et les Socialistes sont parvenus mercredi à trouver un accord pour les élections législatives, soutenus par les écologistes et les communistes. Mais alors que l’accord reste encore à être approuvé par le Conseil national du Parti Socialiste lors d’une réunion ce jeudi soir, les discussions devraient être intenses. Plusieurs figures historiques du parti ont décidé de prendre la porte, tandis que d’autres ont appelé au pragmatisme.
« Signature de reddition »
L’ancien président François Hollande était en première ligne, « mettant en cause le fond de l’affaire et même l’accord de la circonscription ». PS obtiendrait 70 circonscriptions, ce qui est inférieur à EELV mais supérieur aux Communistes.
« C’est une interrogation qui doit être validée par le Conseil national du Parti Socialiste « , a affirmé l’ancien chef de l’Etat dans la chronique de La Montagne, précisant qu’il s’exprimerait en détail la semaine prochaine.
Son ancien premier ministre, Bernard Cazeneuve, a claqué les portes du parti, dénonçant « les violences, les excès, les insultes » des Français insoumises. « J’ai aussi une conception claire et ancrée de la laïcité et de la république », a-t-il détaillé dans une tribune pour la Free Press, « qui bannit toute convergence avec ceux qui ont des idées très ambiguës sur ces questions ». Et aussi cité « l’hostilité antérieure de LFI aux projets européens ».
L’autre Premier ministre de François Hollande, Jean-Marc Ayrault, a dénoncé le « bricolage » et le « prix excessif » du PS. « Je suis profondément triste et déçu par le texte qui vient d’être rendu public. J’ai le regret de vous dire que je suis contre. C’est du bricolage », a-t-il déclaré à l’AFP.
L’ancien premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadellis s’est montré tout aussi dur et s’est adressé à Twitter pour condamner les « signatures de reddition » et les « actes de reddition ». Sur le même réseau social, l’ancien président de l’Assemblée nationale Claude Bartolón a soutenu que « la sympathie ne peut pas cacher les différences ». « C’est la fin de notre aventure commune », a-t-il regretté.
Dans un texte distribué aux cadres du parti, l’actuelle chef de file du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Valérie Rabault, a dénoncé « l’exclusion des représentants des quatre circonscriptions et des représentants sortants de [ses] ] hors groupe » du texte.
« Je ne trahirai pas mes collègues parce que je ne trahirai pas mes convictions. C’est pourquoi je ne peux pas soutenir cet accord », a-t-elle expliqué.
Contre différents candidats
La présidente régionale Occitanie Carole Delga mène les frondes dans sa région. Dans un entretien a France Bleue, elle a estimé : « Cet accord, que nous n’avons pas encore prévu et ne prévoit que six candidats en Occitanie. Il y a six candidats dans 13 départements, et c’est tout. Neuf pour l’Hérault. Zéro dans la circonscription. » La présidente de la région proposera trois candidats, hors accord.
Quant au maire du Mans Stephane Le Foll, il s’est dit prêt à « mener la campagne » du candidat socialiste dissident sur le plateau de « France 2 ». L’ancien ministre a également tenu un « meeting » dans la Sarthe le 16 juillet pour « reconstruire une autre aile gauche ».
« Pas de plan B »
Si beaucoup au PS ont condamné l’accord, d’autres ont estimé que le parti ne pouvait espérer mieux au vu des points qu’il a remportés à l’élection présidentielle (1,75%).
Dans une lettre publiée mercredi soir, six maires socialistes, dont Mathieu Klein (Nancy) et Cédric Van Styvendael (Villeurbanne), disent « constater la répartition des candidatures au sein de [leurs] territoires, ce qui est injuste. Le terrain reflète nos actions locales là où la plupart des gens se rassemblent. »
« Par devoir, nous appelons les socialistes adopter cet accord. Un deal qui ouvre la perspective d’un rassemblement des gauchistes et des écologistes », ont-ils écrit, réitérant leur « sentiment profond pour le projet européen et l’engagement international de la France ».
La maire socialiste de Lille, Martine Aubry, a appelé les socialistes à « valider l’accord proposé » dans un communiqué publié jeudi matin. « Tout le monde pense que cet accord est en tous points incompatible avec mes fermes convictions », mais a-t-elle concédé, évoquant « les principales réserves à l’Europe ». « Je sais qu’un tel accord pourrait être une déception pour les candidats socialistes qui s’apprêtent à se présenter dans toutes les circonscriptions du pays. J’entends aussi des questions de nos radicaux qui ont peur de remettre en cause certaines des promesses fondamentales des socialistes », l’édile a écrit.
« Pourtant, le peuple de gauche a exprimé une réelle volonté d’unité et de solidarité lors du premier tour de l’élection présidentielle. Ce message doit être entendu », a-t-elle ajouté, avant de conclure : « Rencontrons la gauche qui attend de nous et faisons le maximum pour que que le plus grand nombre d’élus de gauche soient présents à l’Assemblée nationale pour barrer la route au projet défendu par Emmanuel Macron et les candidats de la République en Marche ».
Le chef du PS de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, a déclaré que l’opposition à l’accord était un « malentendu ». « Il y a des compromis, et nous pointons vers des luttes communes plutôt que des différences. Avec cette coalition la plus grande possible, nous aurons une voix qui pourra être entendue, et nous conserverons une voix pour notre histoire, notre unicité, nos caractéristiques ont une place à part entière dans notre volontariat social », a-t-il déclaré, soulignant qu’« il n’y a pas d’autres possibilités pour ceux qui pensent que le PS doit jouer un rôle à l’échelle nationale ».
Pendant ce temps, la direction du parti a affirmé que « les délégués sortants désireux d’un accord ont été retenus ». Le porte-parole du PS, Pierre Jouvet, qui est également le négociateur en chef de l’accord, a expliqué avoir entendu « en particulier l’indignation possible sur la répartition des circonscriptions ».
Mais sur franceinfo, il a laissé entendre aux députés de l’Assemblée nationale : « Ne tournez pas le dos à ce rassemblement et aux gens de gauche qui nous attendent, qui croient qu’on est enfin réconciliés, qu’on avance ensemble et qu’on change la vie des gens ».
Face à la fronde, le chef du parti Olivier Faure a cité Jean Jaurès dans un tweet : « Le fleuve ne peut rester fidèle à sa source que s’il va à la mer ».
Jeudi soir, l’accord sera soumis au Conseil national du PS pour approbation interne par quelque 300 députés.
Martine Aubry est amortie. Elle gagnerait à se taire définitivement au lieu de raconter ses « conneries » habituelles.
Ce qui reste des socialistes est vraiment mal représenté par elle…