Avancer à pas de velours
Comme lors des deux dernières campagnes, Marine Le Pen s’est montrée très discrète durant l’été. Toutefois, forte d’un score jamais atteint par le RN (ni le FN) aux présidentielles et avec le succès des législatives, le prochain objectif est clair et annoncé : « Quand ce ne sera plus Emmanuel Macron, ce sera nous ». Dans un discours musclé et savamment réfléchi, elle en est convaincue, la prochaine présidentielle sera pour le Rassemblement national. Et elle compte bien profiter de son mandat au Parlement afin de former ses équipes et de communiquer le mieux possible. Elle dira, sans hésiter, à propos de 2027 « quand viendra l’heure du pouvoir, nous serons prêts ».
Pour elle, sa victoire aux législatives est le signe que l’électorat a bien changé et est prêt pour un changement radical. Son parti ne fait plus peur, il séduit. De plus, les dernières élections aux pays-bas, en Suède et en Italie semble lui donner raison. L’échiquier politique a basculé vers la gauche: l’extrême-droite est perçue comme la droite, la droite comme le centre, la gauche s’allie avec l’extrême-gauche et les sociaux-démocrates sont noyés deviennent inaudibles dans cette fusion. «Nous avons vécu une révolution électorale d’ampleur», s’est-elle félicitée après les élections de 89 députés RN: «Un événement qui pose le socle du grand basculement politique qui s’impose.» Elle veut croire aussi que le moment politique est au «grand retour des nations d’Europe».
Le RN, seul parti d’opposition à Macron?
Avec une droite en lambeau et une Nupes qui se ridiculise chaque jour un peu plus, Marine Le Pen tire son épingle du jeu en apparaissant comme la seule force politique d’opposition face à Macron. Elle sait que la période de crise multifactorielles que nous connaissons dessert nécessairement le pouvoir en place et lui laisse un large champ pour s’exprimer. Si elle n’a pas pris position pour le prochain président de son parti, elle veut amener une nouvelle génération de cadres dans l’organigramme de celui-ci. Tous savent que c’est elle qui sera aux manettes et qu’elle sera la candidate en 2027. Elle déclarera d’ailleurs «si je quitte la présidence du parti, je ne renonce pas au combat politique, à la défense des Français, à la volonté d’engager le pays sur la voie du redressement » souhaitant « parler à tous les Français ».
Surfant sur ses sujets favoris : la sécurité et l’immigration, le contexte politique lui a permis d’étayer ses propositions parlant aussi d’écologie, d’économie et du budget. Elle a donné une feuille de route au parti et au groupe parlementaire : se situer dans l’opposition à Macron, dont elle a dénoncé la politique en termes vifs sur l’immigration, la sécurité et le pouvoir d’achat. Elle a ainsi fustigé une « saturation migratoire », une « situation sécuritaire cataclysmique dans certains départements », notamment à Mayotte, et une « inutile provocation antisociale » sur les retraites. « Nous nous opposerons à la réforme » et « nous voterons contre le budget ».