Dans son intervention télévisée sur France 2, Michel Barnier, Premier ministre, a approfondi les grandes lignes de son programme gouvernemental, dévoilées quelques jours plus tôt lors de son discours de politique générale. Parmi les sujets abordés figuraient la fiscalité, la sécurité, l’immigration et les mesures économiques. Ce passage à l’antenne survient dans un contexte où le gouvernement prépare le budget pour 2025, lequel pourrait nécessiter l’utilisation de l’article 49-3, faute de majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Un « socle législatif »
Le Premier ministre a évoqué ses relations avec Emmanuel Macron, soulignant que malgré leurs différences politiques, il existe une coopération étroite avec des députés proches du président, formant un « socle législatif » essentiel à son gouvernement. Il a également réitéré sa légitimité en soulignant le soutien de sa famille politique, Les Républicains, et a défendu son programme face aux critiques de la gauche et du Rassemblement national (RN), tout en affirmant qu’il ne négociait pas avec Marine LePen ni avec les partis d’extrême-gauche.
Cette intervention visait à détailler les priorités et les arbitrages de Michel Barnier dans un contexte politique tendu, alors que le gouvernement s’apprête à affronter des débats cruciaux sur le budget et la fiscalité, tout en naviguant entre les pressions de la majorité et de l’opposition.
Concernant la fiscalité
Michel Barnier a précisé son intention de générer 20 milliards d’euros de recettes supplémentaires, notamment par des hausses d’impôts ciblées. Cette mesure concernera environ 300 entreprises réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires, avec un effort exceptionnel demandé aux plus grandes entreprises. De plus, une hausse des impôts sur les plus fortunés permettra de récupérer 2 milliards d’euros. Cette politique fiscale marque une rupture par rapport à l’orientation suivie depuis 2017, suscitant des critiques, y compris au sein de la majorité.
Concernant la sécurité et l’immigration
Barnier a affirmé qu’il serait intransigeant sur l’exécution des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF), dans un contexte marqué par un récent meurtre commis par un ressortissant étranger. Tout en écartant l’idée d’une nouvelle loi sur l’immigration, il a laissé la porte ouverte à des ajustements législatifs si nécessaire, évitant ainsi de s’engager dans des débats idéologiques.
Reformer l’administration publique
Le Premier ministre a également abordé la question de la réforme de l’administration publique, envisageant de fusionner certains services publics et de ne pas remplacer tous les fonctionnaires, sauf ceux en contact direct avec les citoyens. Il a également répondu à Gérald Darmanin, qui s’oppose à l’augmentation des impôts dans le cadre du projet de loi de finances, en minimisant l’importance des désaccords et en restant ouvert à de nouvelles idées pour réduire la dette publique.
Les agriculteurs entendus ?
Enfin, dans le domaine de l’agriculture, il a promis une pause sur les normes afin de soutenir les agriculteurs confrontés à des crises sanitaires et des mauvaises récoltes. Cette mesure vise à alléger la pression sur un secteur en difficulté, largement éprouvé par les contraintes réglementaires.