Présidentielle à l’heure du grand débat. Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouveront ce mercredi à 21h pour deux tours de débats. Cinq ans après ses performances ratées, la candidate RN veut attaquer le président sortant sur son bilan.
Même affiche, mais avec des problèmes très différents par rapport à 2017. Ce mercredi, à partir de 21h, Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont de retour à Plaine-Saint-Denis pour un face-à-face, un projet-à-projet au profil plus incertain que cinq ans depuis. Certes, les sondages montrent une marge de 10 points pour le président sortant (56,5 % des intentions de vote, selon un sondage Ipsos), mais c’est moins large que le boulevard où le président précédent l’a emporté avec 66 % du temps de vote.
Donc tout est possible. « On n’est pas loin de l’erreur, donc rien n’est décidé dans un sens ou dans l’autre. Tout est gagné en ayant un débat réussi, ou tout est perdu« , a avalisé le chef de l’État qui a même évoqué le « vrai danger » s’inquiète à propos de ça.
Un bilan plombé par des crises successives
La raison ? Emmanuel Macron n’est plus un jeune inconnu, et son arrivée a apporté son lot de crises : les gilets jaunes, les réformes ratées des retraites, la pandémie de coronavirus. De nombreux sujets que la dirigeante du RN entend l’attaquer pour dénoncer « la brutalité de ce quinquennat, le mépris des Français« , selon des expressions maintes fois répétées ces dernières semaines.
Au lieu de cela, il l’a entendu jouer la stature du capitaine par mauvais temps. « Il y a une grande question à laquelle les électeurs qui restent sceptiques doivent avoir une réponse à l’issue de ce débat : à qui voulons-nous confier la tête de l’État face à la guerre et à Poutine ? À qui voulons-nous le plus faire confiance face au défi climatique ? Emmanuel, évidemment, Macron », s’est écrié le secrétaire adjoint à la Défense Patrick Mignola. « Il faut rappeler que nous sommes fiers des résultats et croyons au projet. Ce sera un exercice de foi« , a déclaré mardi matin le patron du représentant LREM Christophe Castaner lors d’une réunion-débat au parlement.
A la veille de cette rencontre, les deux finalistes ont donc décidé de se mettre au vert pour mieux préparer leurs arguments. Elle s’isole chez elle et est entourée d’un groupe de conseillers. Installé à l’Élysée, où il a également dû faire face à certaines contingences diplomatiques liées à la guerre en Ukraine. Mais contrairement à 2017, Marine Le Pen ne sera pas épuisée par des semaines de campagne, ce qui serait en partie responsable de sa performance désastreuse.
« En 2017, j’étais mal en point, avouait-elle en plein quinquennat. Est-ce que ce procès en vaut la peine ? Suis-je une merde, une nulle ? 2022 aura l’effet inverse : si je fais un bon débat, ça ressemblerait à un très bon débat. » L’objectif : Chercher la crédibilité qui lui manquait il y a cinq ans en se montrant solennel, sérieux et contre argumenté, ‘sans agressivité‘, a insisté Perpignan-Louis Eliot Le maire spécial RN.
« Il faut être pédagogue »
Avec des projets diamétralement opposés sur la relance économique, les aspects sociaux, les questions d’immigration ou encore les affaires européennes, les deux opposants tenteront d’abord d’appâter ceux qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon (22 %) au premier tour. Parmi les thèmes phares : on devrait retrouver le port du voile dans l’espace public souhaité par Le Pen, le rétropédalage de Macron sur la retraite à 65 ans et son virage écologique samedi dernier à Marseille. Et également, au cœur du débat, la question du pouvoir d’achat, sujet d’inquiétude numéro un des Français dans cette campagne.
« Il nous manque une proposition publique très courante à ce stade, déplore une stratège d’un candidat à la présidentielle. Quand elle parle de baisser la TVA sur 100 produits de première nécessité, on sait que ce n’est pas crédible, mais c’est quand même très important pour beaucoup de gens qui parlent. En attendant, Macron devrait être plus direct : quand il aborde l’écologie par la croissance, ou la lutte contre la pauvreté par l’emploi, ce n’est pas une bonne mesure, simple et efficace. »
Un proche de Marine Le Pen est d’accord : « Il faut être pédagogue : par exemple, tout le monde ne sait pas ce qu’est l’ouvrage publié« , acquiesce un conseiller de Marine Le Pen. Un pari clair ? La réponse ce mercredi à 21h.