Aujourd’hui, même après que Macron ait recasé ses anciens ministres ou proches battus aux législatives à des postes prestigieux comme Emmanuelle Wargon, un nouveau phénomène est bien présent et ne semble déranger personne malgré des pratiques à la limite du conflit d’intérêt.
Si la loi ne donne pas de définition précise du conflit d’intérêt, la Cour de cassation l’a défini comme «une situation d’interférence entre une mission de service public et l’intérêt privé d’une personne qui concourt à l’exercice de cette mission, lorsque cet intérêt, par sa nature et son intensité, peut raisonnablement être regardé comme étant de nature à influencer ou paraître influencer l’exercice indépendant, impartial et objectif de ses fonctions.». (1)
Les démissions de plus en plus nombreuses pour le secteur bancaire
Nous sommes en décembre 2021 et l’échéance électorale approche. Si Macron est donné vainqueur dans toutes les situations possibles, les hauts fonctionnaires ne savent pas toujours quelle place sera la leur après la présidentielle. Après quelques années passées dans les cabinets ministériels, les carnets d’adresses sont bien remplis. Et c’est bien ça qui attirent les acteurs de la finance, les relations des uns et des autres. Les compétences? Souvent, ils ne les ont pas mais ils vont parfaitement remplir leur rôle de facilitateur, celui ou celle qui organise les rencontres entre les bonnes personnes pour que celles-ci parviennent à conclure leurs affaires.
On peut citer quelques exemples: Juliette Oury, ex-conseillère financement de l’économie à Bercy, vient de quitter le cabinet de Bruno Le Maire pour rejoindre Eurazeo, l’un des plus importants fonds d’investissement français, en tant que «senior associate», a indiqué la Lettre A. L’ancien directeur adjoint de cabinet de ce même ministre, Emmanuel Monnet, est, lui, parti prendre la direction adjointe du pôle trésorerie, pensions et financement du groupe Worldline, le géant français des services de paiements, membre du CAC 40. La liste est très longue…
Des nominations qui choquent et la HATVP qui hausse le ton
On se rappelle d’un cas en particulier, un peu plus ancien, celui de Nicolas Namias, le conseiller au financement de l’économie de l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, a été récompensé pour son lobbying, quelques mois seulement après le vote de la loi, par la banque Natixis, qui l’a embauché en tant que directeur de la stratégie en 2014. Il est depuis devenu le directeur général. Du côté de la macronie, il s’agissait de Nathanaël Mason-Schuler, ex-conseiller du Président de la République au financement de l’économie, qui s’est vu proposer un poste à la Société générale. Son ancien collègue, Nicolas Jégou, conseiller Europe à la présidence, a, lui, été nommé directeur de cabinet du PDG de la Bourse de Paris, Euronext.
Pour rassurer un électorat qui lit la presse et pour éviter de nouvelles dérives, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a pour mission d’être plus intransigeante sur ces passages du public au privé. Malheureusement, on constate qu’elle n’a pas mis fin à grand-chose. Et on ne voit pas comment elle aurait pu faire sans les moyens de sanctionner ces abus surtout quand les nominations viennent de l’Élysée.