Retour en prison pour les époux Balkany. La justice n’a montré aucune pitié face aux manquements de l’incarcération du célèbre couple à domicile. Ils se retrouvent une fois de plus face à la prison. La cour d’appel de Rouen a été impitoyable et déterminée à donner l’exemple. Elle a confirmé la révocation par le juge Évreux du bracelet électronique de l’époux Balkany le 17 décembre dernier.
Une décision de justice
Le 27 mai 2020, les époux Balkany avaient été condamnés en appel à respectivement cinq et quatre ans de prison, sans incarcération immédiate, pour « blanchiment aggravé de fraude fiscale » et « prise illégale d’intérêts ». Le couple n’aurait pas respecté son assignation à résidence. Jusque-là, tous les deux bénéficiaient de cette mesure d’aménagement de peine. En effet, le 4 mars 2020, la cour d’appel de Paris avait réduit la peine de Patrick Balkany pour fraude fiscale de quatre ans à trois ans, sans le renvoyer devant le barreau en raison de son état de santé. Son épouse a écopé de la même peine, mais compte tenu de son âge – 74 ans, elle était primo-délinquante. Elle avait également fait une tentative de suicide, et a donc immédiatement bénéficié d’une peine d’un an modulable. Le tout est soumis à des obligations de bracelet, mais aussi à des obligations de paiement de leurs dettes fiscales. En conséquence, son avocat, l’ancien président de Paris Pierre-Olivier Sur, a rappelé la décision « trois mois seulement avant l’expiration des mesures d’aménagement de peine précitées ». Patrick Balkany a confirmé sur BFMTV que sa femme a été transportée à l’hôpital après l’annonce de la décision.
Des incidents sans gravité
La justice n’a pas compris que les deux criminels avaient créé des centaines « d’incidents », notamment en faisant sonner leurs bracelets à cause des retards. Ils ont en effet été assignés à résidence pendant six heures consécutives et ont dû respecter des horaires d’entrée et de sortie stricts. Au-delà de cela, ils n’étaient pas d’une courtoisie irréprochable envers les agents chargés de superviser les services d’insertion et de probation de leurs peines en milieu ouvert. En fin de compte, la justice a estimé qu’elle n’avait pas entièrement acquitté sa dette fiscale, même si elle a continué à maintenir un niveau de vie élevé en vivant confortablement dans une résidence au Moulin de Giverny. Son avocat, ne décolère pas, rappelant «avoir tout de même obtenu en cassation le maintien dans leur patrimoine de ce bien immobilier».
Révocation du port du bracelet
Le parquet d’Evreux avait essentiellement estimé dans leurs réquisitions que « même si c’était de petites infractions, cela ne suffisait pas pour empêcher la révocation du bracelet ». Dès lors, « il convient de se poser la question de l’opportunité, de la nécessité et de la proportionnalité de l’incarcération d’une femme de 75 ans dont la santé physique et mentale se détériore extrêmement et n’a plus rien, en terme de patrimoine, de réputation et d’honneur, c’est près d’une décennie de procédures pénales très publiques en cours », a-t-il insisté.
Entre prison et tentative de suicide
Cependant, les Balkany dormiront-ils en prison ce soir ? Le Parquet peut décider d’attendre un délai d’appel (5 jours). Un éventuel appel ne permettrait pas au couple de s’évader de prison. Le tribunal pourrait aussi remettre les Balkany sous bracelets électroniques. Le couple avait été condamné fin 2019 pour avoir dissimulé 13 millions d’euros au fisc entre 2007 et 2014. Ils ont écopé de peines de prison ferme pour blanchiment aggravé en appel le 27 mai 2020. Ils ont depuis été reconnus coupables par la Cour de cassation, mais la cour d’appel de Paris doit revoir les peines le 9 février. Patrick Balkany a confirmé sur BFMTV que sa femme a été transportée à l’hôpital après l’annonce de la décision. Elle a publié un message équivoque sur Twitter, qui rappelle celui qu’elle avait posté sur Facebook avant sa tentative de suicide début mai 2019.
A l’annonce du verdict, l’épouse de l’ancien maire de Levallois aurait ingéré une boîte de barbituriques, selon BFMTV, citant son mari. Elle avait précédemment annoncé sur Twitter qu’elle voulait « juste dormir, dormir… ». « Épuisée par l’âge, la haine, les autres, la douleur des hommes de ma vie, les blessures irréparables du ‘gommage’ positif que je peux faire… », a-t-elle ajouté. Elle a été rapidement récupérée par les pompiers et transportée à l’hôpital. Isabelle Balkany a tenté de se suicider par le passé, toujours pour le procès des deux époux. En mai 2019, l’ancien élue déclarait que « fatiguée de tout ce que je peux faire, tout ce que nous avons pu accomplir au fil des années […] a été effacé à jamais par l’encre indélébile des directives sur lesquelles nous nous sommes appuyés, » et a dit qu’elle ne pouvait plus supporter de « voir des gens dans (sa) vie souffrir » plus longtemps. En mai 2020, une hospitalisation avait jeté le doute sur une éventuelle nouvelle tentative de suicide, affirmée par certains médias mais démentie par Patrick Balkani.